Recrutement annoncé à la Fonction publique : « c’est une diversion », martèle SNE

Michel Pépé Balamou SNE

Le syndicat national de l’éducation (SNE) désapprouve la décision du ministre du Travail et de la fonction publique, Julien Yombouno, qui vient d’annoncer un concours de recrutement des agents à la fonction publique. Le secrétaire général du SNE, Michel Pépé Balamou,  estime que le communiqué du ministre du Travail portant sur l’organisation d’un concours visant à recruter de nouveaux agents de l’État est inopportun et incohérent au regard du double contexte de recensement biométrique et de négociations tripartites.

« Depuis deux (2) ans, ce ministère peine à assainir un fichier de 117.000 fonctionnaires au regard des nombreuses tracasseries dont sont victimes les fonctionnaires qui sont obligés de se déplacer d’un point A à un point B pour se faire recenser et jusqu’à présent certains n’ont pas fait leur pré-enrôlement et d’autres peinent à faire leur enrôlement physique.

De l’autre côté, les négociations tripartites patinent. Le gouvernement utilise l’argument du recrutement pour contrecarrer les prétentions d’augmentation de salaire du mouvement syndical guinéen », dénonce le syndicaliste, dans une déclaration.

Selon lui, le ton avait été donné par le ministre du Budget lors de son passage dans la salle de négociations qui aurait clairement indiqué que la demande syndicale sur l’augmentation de la valeur monétaire du point d’indice à 100%  pour toutes les catégories de fonctionnaires et des pensionnés pourrait permettre de recruter 22.187 nouveaux fonctionnaires. Et le gouvernement a dans son agenda, le recrutement de 40.000 nouveaux fonctionnaires.

« Donc voir aujourd’hui le ministre du Travail et de la fonction publique se fendre d’un communiqué allant dans ce sens pourrait être perçu par le mouvement syndical guinéen comme une diversion visant à orienter les attentions de l’opinion sur la question de recrutement que sur celle d’une augmentation substantielle des salaires des fonctionnaires qui assistent impuissants à la chute drastique de leur pouvoir d’achat symptomatique de la très grande cherté de vie et consubstantielle à la flambée des prix des denrées de premières nécessités,  du loyer cher , et des frais de scolaire. Au lieu de faire face à cette trop forte demande sociale en régulant le marché, les loyers, les transports et réglementer le secteur de l’enseignement privé où les frais de scolarité étouffent les parents d’élèves, le gouvernement opte pour la diversion et les solutions de vernissage », martèle-t-il.

Il insiste que ce communiqué du ministre Yombouno « est cousu d’incohérences au point que les esprits bien lucides et éclairés comprennent bien que les motivations sont ailleurs : 1-  Aucun calendrier n’est fixé dans le temps pour permettre aux postulants d’être situés. 2- Les besoins exprimés par département ministériel ne sont pas connus. 3- Les frais d’inscription fixés à 100000 gnf non remboursables cachent quelque chose. Demander une telle somme à un chercheur d’emploi frise l’éthique professionnelle de l’administration publique qui est caractérisée par la gratuité des services publics et la primauté à la satisfaction de l’intérêt général au détriment de l’intérêt particulier ou personnel. 4-  Recruter de nouveaux fonctionnaires sans avoir fini avec le recensement biométrique est une façon d’aggraver la situation ou de déplacer le problème. 5- Les 32 milliards annoncés tambour battant par le Ministre du Travail et de la Fonction Publique comme une économie réalisée sur les salaires des fictifs ne font plus l’objet de débats. Loin de nous toute prétention à vouloir ramer à contre-courant de la politique de recrutement et d’emploi du gouvernement de la transition, mais force est de constater qu’il va falloir être plus pragmatique et cohérent et éviter de succomber aux mélodies des sirènes propagandistes et populistes. Aujourd’hui, la préoccupation majeure doit être l’assainissement du fichier et la répartition des salaires des fictifs sur les salaires des actifs. C’est après tous ces préalables qu’on pourrait envisager l’hypothèse du recrutement de 40 000 nouveaux fonctionnaires, soit la moitié de l’effectif actuel des Agents de l’État », dit-il.

« Bref, donnons la priorité  au rassemblement, à la réfondation, la rectification, le redressement, le repositionnement  des salaires de toutes les catégories de fonctionnaires et la pension des retraités avant de procéder au recrutement de nouveaux fonctionnaires », lance Pépé Balamou.

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