Elections présidentielles en Afrique de l’ouest : quelle responsabilité pour l’ONU ?

Le président Alpha Condé et le Secrétaire de l'ONU, Guteress

Une fin d’année électorale très mouvementée dans 5 pays ouest-africains où le climat politique est agité et fragilisé. En Guinée, la candidature d’Alpha Condé pour un 3ème mandat crée de la dissension  dans  le  pays. Quel sera le rôle des Nations-Unies en cette période dans la sous-région en vue de consolider les acquis démocratiques et la paix ?

 

Cinq (5) pays ouest-africains : la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Ghana, le Niger et la Guinée verront leurs populations appelées dans les urnes en cette fin d’année 2020.  La Guinée et Côte d’Ivoire en ce mois d’octobre et les autres pays tiendront leurs scrutins en novembre et décembre.

Alpha Condé et Alassane Ouattara

Cependant, la situation guinéenne reste préoccupante avec la montée des tensions entre les deux principaux camps rivaux : le parti au pouvoir, le RPG Arc-en-ciel et le principal parti de l’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). La Cour constitutionnelle a enregistré la candidature de 12 partis politiques pour la prochaine élection présidentielle. Depuis l’annonce de la candidature du président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, qui avait pourtant boycotté le double scrutin législatif et référendaire du 22 mars dernier, cela a suscité une grande panique au sein du parti au pouvoir. Une semaine après le retour d’une tournée sous-régionale de Cellou Dalein Diallo au pays, il a été constaté de la fermeture des frontières avec deux pays voisins : le Sénégal et la Guinée-Bissau que le gouvernement guinéen soupçonne de soutenir des actions subversives contre le régime Condé. Une annonce du gouvernement de Dr Kassory Fofana qui continue à créer de la psychose au sein de la population.

Par ailleurs, nous avons suivi l’attaque du cortège du directeur de campagne du RPG Arc-en-Ciel, le PM soi-même, à Labé et Dalaba où il y a eu un mort par balle. Les banderoles et les affiches de l’UFDG sont descendu aussitôt à Kankan, Mandiana et Faranah (fief du pouvoir) où les boutiques et magasins ont été saccagés par les partisans du Pr Alpha Condé. En 2010, nous avons observé le même scénario, ou presque, de l’eau empoisonnée au Palais du peuple.

Depuis cette idée de briguer un nouveau mandat par Alpha Condé, une lutte anti 3ème mandat organisée par le FNDC pour barrer la route au président sortant s’est amplifiée dans le pays. Mais une lutte qui est à bout de souffle depuis un certain moment, les mouvements de manifestations n’étant plus suivis par la population depuis le référendum du 22 mars dernier et la décision de certains partis du FNDC d’aller aux élections.

Mohammed Ibn Chambas et l’opposition guinéenne

En Côte d’Ivoire, le tissu social reste fragile depuis la candidature d’Alassane Ouattara pour un 3ème mandat.  L’Opposition ivoirienne a demandé à ses partisans la désobéissance civile pour empêcher la tenue de l’élection présidentielle du 31 octobre prochain. La Commission électorale indépendante (CEI) est en train d’enregistrer le retrait de certains membres de l’opposition. Le revirement du président ivoirien qui avait pourtant juré de passer la main « à une jeune génération » risque de faire sombrer encore le pays dans des violences indescriptibles que la Côte d’Ivoire ne rêve plus de connaître. Hélas ! Alpha Condé et son homologue ivoirien sont maintenant appelés à préserver la paix en organisant des élections libres et transparentes. Surtout la Côte d’Ivoire qui a un antécédent de conflit de 2010, qui a fait plus de 3.000 morts.

Dans ce contexte très tendu, le Représentant du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, Mohammed Ibn Chambas, a interpellé jeudi les membres du Conseil de sécurité de la situation socio-politique des 5 nations dont les élections sont aux enjeux élevés. Heureusement pour lui, ces scrutins présentent une opportunité de consolider la démocratie dans ces pays. L’envoyé de l’ONU a réitéré l’engagement continu du Bureau des Nations-Unies en Afrique de l’Ouest et au Sahel à travailler avec les partenaires importants pour appuyer les efforts du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, de la Guinée et du Niger dans l’organisation d’élections inclusives, transparentes et crédibles. La tenue de telles élections dans les conditions précitées sont cruciales pour la stabilité et le développement de la région.

Mais ces élections présidentielles resteront un défi à relever par l’ONU pour maintenir la paix et la quiétude dans la sous-région, surtout que cette zone connait des menaces terroristes.

Sidiki Mara, journaliste / Communicateur

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