CONAKRY: les journalistes dénoncent la montée en flèche de mesures liberticides (sit-in)

A l’appel du syndicat des professionnels de la presse privée de Guinée (SPPG), les journalistes guinéens (URTELGUI, AGUIPEL, AGEPI, REMIGUI, APAC, SPPG, UPLG, UFSIG, AJPRG, UPF) ont fait un sit-in, ce lundi 26 août 2019, devant le siège de la Haute autorité de la communication (HAC), pour dénoncer les violations répétées de la loi (L002) qui consacre la liberté de la presse dans ce pays.

Ils disent constater, avec regret, « la montée en flèche et de façon inouïe de mesures liberticides allant dans le sens de restreindre considérablement la liberté de la presse chèrement acquise en Guinée ».

Dans un mémo, les journalistes guinéens s’inquiètent de la gravité de la situation, car ils menacés, leur liberté mise à rudes épreuves depuis quelques mois.

« Ceux qui ne veulent pas sentir l’odeur de la démocratie ne manquent pas de démarches liberticides pour contrer et anéantir la presse, par ricochet, notre jeune démocratie. Nous avons encore en mémoire les cas d’agressions physiques et verbales dont nous sommes souvent victimes, des pratiques immondes propres aux régimes autocratiques sans oublier le constat amer de l’impunité garantie à ceux qui se livrent à ces pratiques rétrogrades », dénoncent-ils dans un mémorandum lu devant le siège de la HAC.

Peut-on, également, lire que « l’acmé de ces exactions commises contre les femmes et hommes de médias est aujourd’hui, le scénario auquel nous assistons malheureusement, une nouvelle forme de musellement des médias indépendants de notre pays. En effet, cherchant à contourner la loi 002 qui encadre l’exercice du métier de journaliste en République Guinée, certains magistrats, se croyant plus malins que d’autres commencent à prendre goût de substituer maladroitement la loi 002 à celle portant cyber-sécurité pour traiter des dossiers des journalistes mis en cause dans l’exercice de leur profession ».

En outre, le placement sous contrôle judiciaire de deux journalistes de Lynx Fm vient compléter, encore, le tableau de trophées de ceux qui veulent voir mourir la presse guinéenne, « puisque la procédure de citation directe dans le cas espèce est connue de tous les magistrats, mais, la presse ne mourra pas ».

De tels dérapages flagrants qui portent non seulement atteinte à la liberté de la presse, mais projettent aussi à la face du monde une image dégradante de la justice guinéenne qu’on croirait composée de magistrats à niveau douteux, sans probité morale et sans courage professionnel.

« Pourtant, parmi ces hommes de robe, y en a qui font bien, sinon qui peuvent bien faire leur travail si chacun de nous œuvrait dans le sens de bâtir un Etat qui rentre dans le concert des pays méritant le statut des nations à démocratie établie. Nous sommes convaincus qu’il ne fait dorénavant l’ombre d’aucun doute que la Haute Autorité de la Communication (HAC) peut et doit, à travers ses commissaires et conformément à la Loi 003 qui la constitue, contribuer efficacement à changer la façon de faire de chacun et de tous dans ce registre. A ce titre, nous lui demandons ici et maintenant de rappeler à qui de droit qu’en Guinée, la loi L002 portant liberté de la presse reste et demeure jusqu’à preuve du contraire, la loi devant servir de référence lorsqu’un journaliste est poursuivi dans le cadre de l’exercice de son métier », insistent-ils.

Lisa Bangoura

About Author

Abonnez-vous à notre newsletter