Keamou Bogola Haba (UGDD) : « La gouvernance du président Alpha Condé est basée sur l’irresponsabilité… »

M. Keamou Bogola Haba, le président sortant de l’UGDD (union guinéenne pour la démocratie et le développement) vient de passer la main à Georges Faraguet Gandhi Tounkara, candidat du parti pour la prochaine présidentielle. 

Natif de N’Zérékoré, Bogola Haba est un cadre d’entreprise. Il travaille actuellement, à l’international, pour le compte d’une multinationale. Parcourant le monde, il dit acquérir une certaine expérience qui lui a permis de prendre conscience de l’enjeu de la problématique du développement pour la nouvelle génération.

En plus d’une maîtrise en Sciences économique en poche, il a aussi bénéficié de plusieurs formations en Management en Suisse, aux Etats-Unis et en Angleterre. Il est en train de décrocher un doctorat en Sciences de gestion à l’université Aube Nouvelle de Ouagadougou, au Burkina Faso. Keamou Bogola Haba est combatif, politiquement et socialement engagé, en plus de ses occupations professionnelles. Et déjà à son actif, un  livre intitulé ‘’comment accéder à la prospérité individuelle et collective’’ (éditions Céprodif). Ce bouquin, fruit de son expérience personnelle, vise à donner de l’espoir à la jeune génération confrontée à la dure réalité du chômage. Mais également la preuve de son engagement citoyen pour une Afrique décomplexée…Interview à bâtons rompus au détour d’une conférence qu’il a animée à Conakry.

Guineenouvelles : Président sortant de l’UGDD, vous venez de passer la main à Monsieur Georges Gandhi Faraguet Tounkara élu lors de votre congrès à N’Zérékoré. Comment les élections se sont passées ?

 Keamou Bogola Haba : Il était l’unique candidat. Moi, je n’étais pas candidat. Il n’a pas eu d’autres concurrents en face.

L’UGDD est un parti qui est en train de se frayer du chemin dans le pays politique guinéen. Quel idéal défendez-vous ?

Notre idéal est clair : c’est la démocratie et le développement. Pour cela que le parti est créé. Donc nous ferons tout pour que la démocratie soit une réalité et que le développement individuel ou collectif soit également une réalité dans notre pays.

Parlez-nous de votre programme de société ? Quelles sont les grandes lignes ?

Notre programme de société est très innovateur. Comme vous le savez le soubassement de notre programme, c’est l’éducation. Nous pensons que l’éducation est le seul facteur qui pourra créer l’égalité des chances. Nous ferons tout ce qui est de notre pouvoir pour que l’éducation de base, l’éducation au niveau professionnel soit une réalité en Guinée. Cela est important, parce que c’est par ce canal que le pays pourrait se développer, tout comme les ressources et les talents. L’autre élément, c’est que nous ferons tout pour que l’économie soit la priorité des priorités, comment faire pour faire des économies pour le pays. Un pays pauvre, un gouvernement pauvre ne peut rien faire. Nous avons des ressources qui se gaspillent, donc nous ferons tout pour les optimiser, réduire la taille du gouvernement et mettre les ressources dans le développement local.

Malheureusement, la Guinée est déchirée aujourd’hui par la politique basée sur le communautarisme et l’ethnocentrisme. Que comptez-vous faire pour vous démarquer de cette situation ?

Pour nous la meilleure façon de se démarquer, c’est ce que nous avons commencé à faire. C’est permettre à l’UGDD d’être un instrument qui fait la promotion du talent et du mérite où nos militants ne seront classés et traités qu’en fonction de ce qu’ils méritent et non en fonction de leur origine. Et en cela que Monsieur Tounkara est passé candidat du parti pour la présidentielle. C’est en fonction de son mérite et non en fonction de son origine.

Vous ne vivez pas en Guinée en ce moment, mais de l’extérieur quel regard portez-vous sur la gouvernance du président Alpha Condé ?

C’est une gouvernance qui est basée sur l’irresponsabilité. Le président Alpha Condé a été élu depuis 2010 et tout le temps il met la faute sur les autres. ‘’Oui, c’est parce que j’ai pris un pays difficile, oui c’est parce que j’ai trouvé une situation… ‘’ alors qu’il est élu sur un programme où il a dit qu’il peut résoudre tout cela. Ebola arrive, il dit que ce n’est pas sa faute, on veut parler de l’économie il dit non en 2013 il y a eu des manifestations, c’est pourquoi ça n’a pas marché. Pour l’organisation des élections il dit que les caisses étaient vides. Et vous constatez aujourd’hui cinq ans après il n’est pas capable de finir la transition. Il met la faute sur l’opposition. Il gère sur le temps. Non, ce n’est pas normal ! 

C’est basé sur l’irresponsabilité. Quand tu prends une responsabilité, tu l’assumes. Mais lui il ne veut pas assumer. Et par conséquent, nous vivons ce que nous vivons. C’est ce que nous devons changer aujourd’hui. Nous voulons mettre des personnes conséquentes qui assument, qui se battent pour trouver des solutions au lieu de passer tout son temps à expliquer pourquoi ce n’est pas fait. Le président Alpha Condé et son gouvernement veulent tout expliquer.

Aujourd’hui s’il accuse l’opposition de l’empêcher d’organiser les élections locales, c’est du pipeau. Qu’est-ce que la CENI a fait de son budget pendant cinq ans ? Une CENI qui n’est pas capable d’organiser deux élections, alors dites-moi qui est irresponsable ? 

Estimez-vous que les deux élections, la présidentielle et les locales, sont tenables avant la fin de 2015 ?

Absolument ! Le document que la CENI a déposé à l’Assemblée est très clair. Elle avait rassuré que tout était prêt, il ne resterait que l’impression des cartes d’électeurs dont une bonne partie est déjà imprimée. La cartographie est faite. Tout est fait. La CENI a oublié qu’elle a déposé ces rapports à l’Assemblée où elle a expliqué que pour les élections locales tout est fait. Maintenant cette CENI revient à 360 degrés pour dire que rien n’est fait et qu’on doit tout recommencer. Cela veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Il faut que les Guinéens aient le bon sens. On ne peut pas tromper éternellement les Guinéens. Nous, nous  avons compris. Cinq ans, c’est trop pour que nous soyons incapables de terminer la transition de l’après-Conté. Cinq ans, c’est trop !

Vous avez déjà  un candidat pour la présidentielle du 11 octobre 2015. Est-ce à dire que vous allez accepter le chronogramme décidé par la CENI ?

Nous allons participer à conditions que les élections locales aient lieu avant la présidentielle. C’est le fondement de notre combat. Et nous ferons tout pour que cela soit. Parce que la CENI est capable de le faire. C’est une question importante, parce que c’est une question de stabilité. Si aujourd’hui il n’y a pas de confiance à la base, si aujourd’hui l’élection présidentielle s’organise dans cette situation de méfiance entre les élus locaux et les populations, nous créons des conditions d’instabilité pour le pays. C’est d’abord une question essentielle.

On ne peut pas parler de présidentielle alors qu’une situation illégale existante n’est régularisée. Régularisons d’abord ces élections qui sont illégitimes. Les gens disent que si on ne commence pas par la présidentielle, le président va tomber dans l’illégitimité, mais c’est un faux débat. Alpha Condé savait que son mandat de cinq ans finit en 2015, donc il savait ce qu’il devait faire. S’il reste à marcher à tâtons et qu’il tombe dans l’illégitimité, c’est à la cour constitutionnelle de le corriger. Ce n’est pas problème de l’électeur. L’électeur a fait son travail. C’est Alpha Condé qui n’a pas fait son travail.

Est-ce qu’il y a un dernier point que vous comptez partager avec nos lecteurs ?

Ce que je veux dire, c’est d’adresser un message clair aux jeunes guinéens. Après l’indépendance, nous avons connu un moment difficile. C’est le moment de changer de cap. Donc, il faut changer d’hommes et de gouvernance après cette génération de l’indépendance. Alpha Condé doit être le dernier de la génération de l’avant-indépendance. Et par conséquent, la vie et l’avenir de notre nation est entre les mains de la jeunesse qui doit comprendre que le temps du mérite est arrivé. Il faut choisir la personne qu’il faut.

Et Georges Gandhi Tounkara est une personne qu’il nous faut. Il a investi, nous connaissons sa famille et nous savons où il est, on peut le voir, le toucher, il est parmi nous, donc il connait nos problèmes. Nous avons besoin de celui-là. C’est le moment pour les Guinéens de changer complètement la manière de voir pour que nous puissions faire ce changement après Alpha Condé. Parce qu’il y aura deux priorités : réconcilier les Guinéens d’abord et les mettre au travail ensuite pour que l’économie crée l’emploi et permet au pays de sortir de la pauvreté. Georges Gandhi Tounkara est un cadre qui inspire la jeunesse.

Merci de nous accorder votre temps.

C’est moi qui vous remercie !

 

Interview réalisée par Zézé Zoumanigui

+224 628 41 20 90

 

 

 

 

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