Déclaration de politique générale : le PM amuse la galerie devant un CNT aux ordres de la nouvelle dictature (Opinion)

SOULEYMANE SOUZA KONATE

La déclaration de la politique générale du gouvernement est une tradition républicaine dans laquelle un Premier Ministre, devant la représentation nationale, expose les grandes orientations de son programme de gouvernement, les principales réformes et mesures qu’il veut mettre en place.

En Guinée, depuis l’accession d’Alpha Condé au pouvoir en 2010 (par la manière que nous connaissons tous) et la prise du pouvoir par l’armée le 5 septembre 2021, cet exercice est devenu un moyen pour amadouer nos compatriotes fatigués de toutes ces années de mauvaise gouvernance et d’amateurisme au plus haut sommet de l’Etat.

Comment prendre au sérieux un gouvernement qui évoque une Guinée émergente à l’horizon 2040 et qui, en même temps, continue de diviser les Guinéens, de mépriser les plus faibles, de protéger et laisser agir impunément les assassins au sein de nos forces de défense et de sécurité ?

Les annonces faites par le Premier Ministre Gomou illustrent parfaitement l’échec de la gouvernance de ceux qui disaient avoir pris le pouvoir pour la refondation et la rectification institutionnelle.

Prenons quelques actions à titre illustratif. Dans le domaine de l’électricité, en un an et quelques mois, plusieurs milliards de dollars américains ont été soit disant investis dans le secteur de l’électricité pour quel résultat ? Même le peu que le régime déchu a laissé, la gouvernance actuelle est incapable de l’entretenir. Les principales villes de l’intérieur du pays sont actuellement plongées dans le noir. Même à Conakry les délestages ont repris de plus belle.

Les lampadaires solaires sont devenus de lointains souvenirs. On nous parle également de plus de 300 millions d’euros comme subvention à l’E.D.G. Ce qui met à nu un sérieux déficit de transparence et de gouvernance du secteur si l’on s’en tient aux résultats produits.

Dans le domaine de l’agriculture, force est de noter que sans être la solution miracle pour développer la Guinée, elle peut néanmoins permettre au pays de résoudre les problématiques de sécurité et de souveraineté alimentaire et réduire du coup le poids de l’importation sur fonds de subventions des denrées de première nécessité. C’est aussi un moyen de créer des emplois décents pour de nombreux jeunes aujourd’hui déshérités.

Mais hélas, comme dans d’autres secteurs porteurs de croissance de notre pays, ce n’est pas la priorité de la gouvernance actuelle.

Sur le plan Social, la gouvernance Doumbouya a échoué sur tous les plans. Aujourd’hui, plus de la moitié des guinéens (53%) de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Pendant ce temps, le gouvernement continue à affirmer à cor et à cri que le pays a un niveau de croissance de 4,7%, alors que le chef de ce même gouvernement disait haut et fort qu’il travaille à ce que la performance macroéconomique soit ressentie par les Guinéens dans leur quotidien.

Force est également de reconnaitre que la Guinée va mal. L’inflation galopante, le chômage des jeunes, l’injustice, l’exclusion, la division ethnique, les harcèlements dont sont victimes certains opérateurs économiques considérés proches de l’opposition notamment de l’ufdg… la liste des maux qui assaillent le pays est longue.

Ce matin, dans les différents marchés du pays, un sac de riz se négociait à 330.000gnf, le sucre à 320.000 gnf, la farine à 310.000gnf etc…. Il faut arrêter de tromper l’opinion. Mentir au peuple qu’on gouverne, c’est à la fois le trahir et ne pas le respecter.

Dans ce discours, on ne retrouve nul part les explications sur la façon dont le gouvernement compte se prendre pour améliorer les conditions de vie et d’existence de nos compatriotes.

Au contraire, la gouvernance cherche à préparer les esprits à une année difficile pour le peuple.

Pourtant, ils doivent savoir qu’il ne revient pas au peuple de payer le prix de la mauvaise gouvernance et de la gabegie financière. Qui ne se rappelle pas des allégations de détournement de l’agent judiciaire de l’Etat qui portent sur plus de 415 milliards de nos francs qui ont éclaboussé plusieurs cadres de la gouvernance actuelle ?

Sur le plan politique, les un an et quelques mois du CNRD n’ont servi qu’à exacerber les tensions et les divisions ethniques.

Le colonel Mamadi Doumbouya et son gouvernement cherchent désespérément à museler l’opposition et toutes les voix discordantes dans notre pays.

Il y’a un plan concerté pour confisquer le pouvoir et instaurer une nouvelle dictature. Depuis le 5 septembre 2021, plus de 15 de nos compatriotes ont été assassinés, une cinquantaine d’acteurs politiques et du FNDC croupissent illégalement dans les prisons de la honte. Le pouvoir utilise la violence et la terreur pour se maintenir dans le seul but de profiter des ressources du pays au détriment des ayant droits.

Sans mentionner les détenus politiques, nos collègues aujourd’hui en exil et le refus obstiné des autorités de la transition d’ouvrir un dialogue franc, honnête et constructif avec les acteurs politiques et sociaux les représentatifs du peuple de Guinée, en l’occurrence ceux qui représentent 95% du corps électoral.

Cet autre échec démontre clairement la médiocrité de ce gouvernement qui ne réussit malheureusement que dans l’esbroufe et la publicité mensongère.

Il appartient aux Guinéens de chasser tous ces imposteurs qui ont pris le pouvoir sans jamais l’exercer pour le bonheur de nos concitoyens.

 

 

 

 

 

 

 

SOULEYMANE SOUZA KONATE, MEMBRE DU CONSEIL POLITIQUE DE L’UFDG ET CONSEILLER CHARGÉ DE COMMUNICATION DE CELLOU DALEIN DIALLO.

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