Conseil scientifique de riposte au Covid-19 en Guinée: les trois avis émis (N°002, N°003, N°004)

CONSEIL SCIENTIFIQUE DE RIPOSTE (CSR) CONTRE LA PANDEMIE DE LA MALADIE A CORONAVIRUS (COVID-19) – AVIS DU CONSEIL SCIENTIFIQUE : N°002 du 05 MAI 2020

Conakry, le 22 mai 2020 – Le Conseil scientifique s’est réuni le mardi 05 Mai 2020 et a émis ce présent avis qui porte sur quatre (4) dimensions :

l . De l’organisation de la riposte,

  1. Du dépistage et suivi des contacts ;
  2. De la prévention, communication et engagement national et communautaire ;
  3. De la prise en charge des patients au niveau des Centres ainsi que la place de la médecine traditionnelle dans la riposte contre la pandémie à Covid-19.

Avant de procéder à l’élaboration de ce présent avis, le Conseil scientifique

           S’est réjoui des efforts déployés pour la mise en œuvre effective de la recommandation ci-dessous contenue dans le premier avis :

 L’hospitalisation/isolement de tous les cas COVID-19, avec des moyens adéquats au profit de tous les patients, pour une prise en charge adaptée et multidisciplinaire en milieu hospitalier ou tout autre lieu dédié; l’identification de nouvelles structures d’accueil des malades auxquelles on adapterait les critères requis pour un centre/pavillon d’hospitalisation hautement infectieux la disponibilité d’un nombre de personnel de santé suffisant, capable de s’occuper des malades 24h/24 est indispensable dans toutes les structures sanitaires et autres lieux dédiés ; o Néanmoins, il est à noter qu’à ce jour, tous les lieux identifiés pour augmenter les capacités d’accueils des cas positifs, ne sont pas encore fonctionnels étant donné que les cas suspects et les contacts ne sont toujours pas isolés par manque de local adapté.

           Déplore la non application des 8 autres recommandations contribuant à la rupture de la chaîne de contamination communautaire. Cette situation compromet les efforts de lutte contre la pandémie, car l’urgence des urgences est de freiner la contamination communautaire.

Le Conseil scientifique constate :

  1. De l’organisation de la riposte

                Une domination de la dimension prise en charge sanitaire dans les efforts de riposte contre la pandémie au détriment des autres dimensions (surveillance épidémiologique, communication, engagement communautaire, etc.) ;

 Une riposte faiblement coordonnée, décentralisée, inclusive et participative de l’ensemble des acteurs qui peuvent permettre d ‘inverser la tendance épidémiologique ,

                Une trop grande verticalité de la riposte autour d’un seul acteur au détriment d’une réponse systémique ;

                Une absence de suivi, de supervision et de redevabilité rigoureux de la riposte ;

                Une augmentation continue de l’incidence et de la distribution de la pandémie dans la Capitale et à l’intérieur du pays ;

                Une absence de cartographie des zones, lieux et populations à haut risque ,

                Un manque d’optimisation de la contribution du secteur privé, en particulier le secteur minier à la lutte contre le Covid-19 ;

                L’inexistence de mécanismes de suivi des recommandations du Conseil scientifique de la riposte (CSR-Covid-19).

  1. Du Dépistage et suivi des contacts

                    Une attitude peu réactive du système de la riposte face à la propagation de la pandémie, avec une stratégie qui consiste à attendre que les personnes qui développent des symptômes se présentent pour se faire dépister ;

                    Une difficulté à répertorier, tester et suivre tous les contacts et les contacts des contacts des personnes déclarées positives sur le territoire national ;

                    Une méconnaissance du nombre de personnes contacts dans les chainons épidémiologiques, du nombre moyen de personnes contaminées par cas positifs et des dynamiques de transmission de la maladie ;

                    Une indisponibilité d’informations sur le profil épidémiologique des personnes testées positives et des contacts, y compris leur localisation géographique

 Un dépistage insuffisant et sélectif, en raison de la faible disponibilité des tests et de la capacité d’accueil des structures de prise en charge, doublé de lourdes lenteurs dans le rendu des résultats aux personnes prélevées et à leurs familles, contribuant à une frustration grandissante au sein de la population

                    Un non respect du délai normatif de 48 heures pour le rendu des résultats aux cas positifs au Covid-19 ;

 Une sous-estimation de l’ampleur de l’épidémie en raison de l’impossibilité pour le système de procéder à un dépistage de grande envergure à cette phase de l’évolution de la pandémie ;

                    Une insuffisance de la décentralisation et du nombre de sites de prélèvements au niveau des Communes de Conakry

 Une incapacité de localiser 791 cas positifs restant à rechercher à la date du 05 Mai 2020 ;

                    Une absence de système d ‘information au niveau communautaire pour la notification des décès à domicile dus au Covid-19.

  1. De la Prévention, communication et engagement communautaire

             La persistance de certaines mauvaises pratiques au sein de la population y compris le déni de la maladie, l’indifférence, le non-respect des gestes barrières, le déplacement de personnes suspectes et des contacts, l’organisation et ou la participation à des funérailles, mariages, baptêmes et autres cérémonies religieuses etc. ,

             Une communication inappropriée sur l’origine, le mode de contamination, de prévention et de traitement ,

             Une surabondance d ‘informations qui circulent concernant le Covid-19 avec des rumeurs et inf01mations erronées qui se répandent rapidement via les réseaux sociaux, empêchant ainsi une frange importante de la population d’appliquer les gestes barrières et d’adopter des mesures efficaces qui protègent de la contamination

             Une absence de politique suffisamment claire d’acquisition, de distribution et d ‘utilisation des intrants de la réponse à la pandémie au niveau communautaire

             Une focalisation sur les soins des malades dans les centres de prise en charge non associée à des mesures préventives au sein de la famille et de la communauté et des autres structures sanitaires pour contrôler la pandémie ;

             Une faible implication des autorités locales, organisations de la société civile (OSC) et

Organisations non gouvemementales (ONG) dans la prévention de la pandémie

             La non prise en compte des structures privées dans le renforcement des capacités en prévention contre l’infection (PCI) et dans l’acquisition des matériels de protection ,

             Une désinfection non systématique des domiciles des familles des cas positifs au Covid19

             Une information peu ciblée sur les populations pour favoriser leur changement de comportement en vue de les protéger du Covid-19 ;

             Une absence d’information sur les connaissances réelles de la population sur la maladie ainsi que sa perception des risques associés et de la riposte en cours

             Une insuffisance de l’effet de la mise en quarantaine de Conakry dans la préservation des populations des préfectures de l’intérieur de la transmission du Covid-19

             Une insuffisance de sursaut national et de solidarité pour une mobilisation générale dans un élan de patriotisme renforcé contre le Covid-19 ;

  1. De la Prise en charge des patients au niveau des Centres ainsi que la place de la médecine traditionnelle dans la riposte contre la pandémie du Covid-19.

4.1. Prise en charge des patients

                Une non application des procédures opératoires standardisées (POS) sur les mesures de prévention et de contrôle des infections (PCI) ;

                La non vulgarisation du protocole et du guide de prise en charge des patients COVID-19 ainsi que la non prise en compte de certains aspects de la prise en charge des patients, notamment la gestion des co-morbidités (diabète, hypertension artérielle.. .);

                Une non optimisation de la prise en charge hospitalière des patients, notamment l’alimentation, la salubrité, la PCI, les ruptures de médicaments, les équipements de protection individuelle (EPI), de matériels médicaux, la non réalisation des examens paracliniques biologiques (hématologie, biochimie…) et d’imagerie (radiographie pulmonaire, scanner…) chez les patients ;

                Un retard dans le rendu des résultats des tests diagnostiques des patients hospitalisés entrainant de longs délais de séjours hospitaliers et justifiant des mécontentements de patients et de leurs proches ;

                Une absence de suivi des patients guéris du COVID 19 ;

 Une absence d’études scientifiques permettant d’évaluer l’efficacité des différents protocoles thérapeutiques en cours et à venir •

                Une absence de prophylaxie médicamenteuse et d’un soutien psychologique aux soignants avec pour conséquence une automédication préventive chez ces demiers qui pour la plupart évoluent dans un environnement hospitalier stressant et familial stigmatisant ,

                Une mobilisation des tradipraticiens Guinéens et Africains ainsi que de nombreuses propositions de remèdes à base de plantes.

Au regard de ces faits, le Conseil scientifique demande :

De changer de paradigme et d’adopter une stratégie renforcée de riposte sanitaire autour de quatre (4) principes et de six (6) axes :  Des Principes .

  1. Une Mobilisation générale de toutes les parties prenantes sur une base inclusive et participative ;
  2. Une Gestion collégiale de la riposte ;
  3. Une Décentralisation des opérations ;
  4. Une Contractualisation des interventions. Des Axes :

l . Une réorganisation de la synergie des acteurs de la riposte ;

  1. Un dépistage décentralisé de tous les contacts et suspects avec un rendu des résultats dans les 48h ;
  2. Un isolement et suivi des contacts ;
  3. Une prise en charge correcte des cas ,
  4. Une communication à partir d’évidences et un engagement national et communautaire renforcé ;
  5. Une coordination des activités et un suivi régulier par une documentation des tendances

Le Conseil recommande :

  1. De l’organisation de la riposte

1                  ère : Procéder à la réorganisation de la synergie des acteurs de la riposte à travers la mise en place (i) d ‘un schéma opérationnel, une synchronisation et une meilleure coordination de l’action de tous les intervenants ; (ii) d’un système inclusif de participation et de collaboration entre tous les intervenants ; (iii) la spécialisation en fonction des avantages comparatifs de tous, les acteurs impliqués ; et (iv) d’un système de supervision robuste de tous les acteurs de la mise en œuvre de la riposte.

2                  ème : Faire en sorte que la riposte soit systémique en partageant les responsabilités entre tous les acteurs du système de santé (Ministère de la Santé et ses démembrements notamment l’ANSS, I’INSP, les Directions centrales, les laboratoires, les EPA et Services rattachés, les Directions régionales de la santé, les Directions Préfectorales de la santé et les Directions communales de la santé) en vue d’améliorer l’efficacité de la riposte ;

3                  ème : Instaurer un système cohérent de gestion, de redevabilité des différentes parties prenantes de la riposte et de collaboration renforcée avec les autres Ministères sectoriels (MATD, Ministères en charge de l’Education, MASPF, Affaires Religieuses, Communication, Jeunesse, Sécurité), les partenaires techniques et financiers y compris les OSC et les ONG ;

4ème : Mettre en place des équipes intégrées opérationnelles au niveau communal et communautaire (dépistage, isolement, suivi des contacts, prise en charge, hygiène, communication et sensibilisation) pour assurer une conduite holistique et intégrée du processus de riposte à la base.

5eme .• Procéder à la cartographie du secteur privé en particulier le secteur minier pour•explorer les opportunités d’appui aux structures de santé, aux écoles et aux communautés dans leur zone d ‘intervention

6ème : Mettre en place un mécanisme formel de suivi des recommandations du Conseil (CSRCovid – 19) auprès du Premier Ministre, dans le but d’améliorer la gestion globale de la riposte.

  1. Du dépistage et suivi des contacts
  2. l. Du dépistage

7ème : Organiser systématiquement le dépistage de tous les cas suspects et de tous les contacts des cas positifs par le biais d’une décentralisation effective au niveau des communes, Préfectures et zones, lieux et population à haut risque, avec une augmentation progressive du nombre de sites et de tests ;

ème : Veiller à la disponibilité des tests, réactifs et matériels de prélèvement et à leur qualité pour se prémunir des ruptures de stocks préjudiciables au contrôle de la pandémie ,

9ème : S’assurer du respect du délai normatif de 48 heures pour le rendu des résultats aux cas positifs du Covid-19.

                   2.2. Du suivi des contacts

I ()eme : Renforcer les mesures pour l’identification systématique des contacts et des contacts des contacts dans la communauté à travers l’implication de la Direction de la Santé de la Ville de Conakry (DSVCO), les Directions Communales de la Santé (DCS), les Districts sanitaires (DPS), des mobilisateurs sociaux, des agents communautaires et des autorités au niveau décentralisée ;

I I ème : Poursuivre l’identification de locaux adaptés pour les centres d’isolement des suspects et des contacts en fonction de l’évolution de la situation ;

  1. De la Prévention, communication et engagement communautaire
  2. l. De la Prévention

12ème : Rendre disponibles les intrants (masques, kits de lavage des mains, savons, gel hydroalcoolique etc.) au niveau de tous les ménages en situation précaire

13 ème : Renforcer davantage l’observation des gestes barrières ainsi que le port de masques par tous les citoyens tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays pour contribuer à la réduction de la transmission et de la propagation de la maladie

                   3.2. De la Communication

14ème : Réévaluer régulièrement la stratégie de communication sur le Covid-19 en y intégrant des éléments qui mettent l’accent sur (i) les évidences qui orientent le contenu de la communication (ii) les connaissances, les attitudes et les comportements du public relatifs aux risques de la maladie pour bien cerner sa perception sur les risques ; (iii) un programme de formation sur l’origine, le mode de contamination, de prévention et de traitement en direction des couches socio-professionnelles comme les joumalistes, les guérisseurs traditionnels, les élus locaux, les religieux etc.; (iv) la mise en place de lignes directrices nationales portant sur la diffusion continue d’informations au public selon les niveaux (v) l’instauration d’une évaluation systématique de la stratégie de communication pour l’adapter à l’évolution du contexte.

15 ème : Élargir la couverture géographique et linguistique de la communication de crise dans le cadre de la riposte par la synchronisation avec toutes les radios rurales et privées du pays et sur les réseaux sociaux pour amener les populations à admettre l’existence de la maladie

1 6ème  Encourager le témoignage volontaire des personnes bien connues du public qui ont été malades et guéris du Covid-19 ainsi que les professionnels et experts de la santé dans la diffusion de l’information à la population par les média publics et privés pour lutter contre les « fake news».

                   3.3. De l’engagement national et communautaire renforcé

17ème : suggère fortement que Monsieur le Président de la République : i) organise des rencontres officielles avec les forces vives de la Nation (Acteurs politiques, partenaires sociaux et partenaires techniques et financiers) pour assurer une mobilisation générale ; ii) s’adresse, encore une fois, à la Nation pour exiger la cohésion et la solidarité nationale en particulier pendant cette période difficile de la riposte ;

1 8 ème . Impliquer les Départements ministériels en charge des services déconcentrés et décentralisés, des jeunes et des femmes, du système éducatif et de la communication, etc. , 19 ème : Engager davantage la société civile, les leaders communautaires, religieux et politiques à participer à l’information, la sensibilisation et la communication sur les mesures individ uelles et publiques de prévention du COVID-19.

  1. De la Prise en charge des patients au niveau des Centres ainsi que la place de la médecine traditionnelle dans la riposte contre la pandémie du Covid-19.

                   4.1. Prise en charge des patients

20ème : Diffuser largement à tous les niveaux y compris le secteur privé, les procédures opératoires standards sur les mesures de PCI en tenant compte des niveaux de risque et dans les sites de prise en charge des patients COVID -19 ; assurer également la protection du personnel de santé à tous les niveaux de la pyramide de soins, a travers la mise à disposition continue des EPP.

21 Diffuser les amendements apportés par les cardiologues, diabétologues et autres spécialités sur le protocole de prise en charge revu et amendé par le CSR COVID-19 ;

22ème : Optimiser la prise en charge des patients par la réalisation d’examens complémentaires biologiques et d’imagerie paniculièrement chez les patients présentant des co-morbidités et/ou un syndrome de détresse respiratoire

23 ème : Renforcer les capacités des équipes de prise en charge par le recrutement et la formation de personnel additionnel et la mise à sa disposition de matériels médicaux (tensiomètres,

24ème  Améliorer le circuit des résultats de laboratoire en priorisant les patients hospitalisés. Une augmentation de la capacité de diagnostic des laboratoires dont certains exclusivement dédiés aux hospitalisations ,

25ème : Élaborer un protocole de suivi des patients guéris du CO VID 19 à leur sortie des Centres de prise en charge afin de répondre à certaines préoccupations notamment immunologiques chez ces patients suivis

26eme Élaborer un protocole thérapeutique prophylactique pour les soignants avant d’envisager son utilisation à plus grande échelle. Assurer également un soutien psychologique aux soignants pour prévenir le syndrome de « Burn Out » ;

27ème  Mettre en place des essais cliniques permettant d’évaluer l’efficacité des différents traitements (produits de synthèse ou phytomédicaments), se mesurant par la tolérance, la régression des signes cliniques et de la charge virale.

                   4.2. Médecine traditionnelle

28ème. Identifier les ingrédients composant tout produit traditionnel et une identification botanique de toute espèce végétale proposée ;

29ème : Mettre à jour les données de la littérature suivie d’une fomnulation galénique stable et diffusible de tout phytomédicament élaboré ;

30ème : Valider auprès du Comité National d’Éthique pour la Recherche en Santé de tout protocole d ‘essai clinique avant toute application.

Professeur Yolande HYJAZI

Transmis par la Cellule de Communication du Gouvernement

…………………………………………………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………………………………………………….

CONSEIL SCIENTIFIQUE DE RIPOSTE (CSR) CONTRE LA PANDEMIE DE LA MALADIE A CORONAVIRUS (COVID-19) – AVIS DU CONSEIL SCIENTIFIQUE : N°003 du 14 MAI 2020, amendé le 19 mai 2020 

Conakry, le 22 mai 2020 – Le Conseil scientifique s’est réuni pour examiner la requête formulée par le Premier Ministre au cours de la réunion ordinaire du 13 mai 2020 du Conseil Interministériel de Suivi de la Riposte portant sur l’opportunité d’ouverture des écoles et des lieux de culte. Le 19 mai, le conseil a examiné toutes les autres dispositions prises par le gouvernement dans la cadre de la prévention de la COVID dans la communauté.

OBSERVATIONS PREALABLES

Le Conseil observe :

Que la transmission communautaire est toujours importante en Guinée, notamment dans la région de Conakry et les Préfectures de Coyah et Dubréka, où près de 99% des cas sont notifiés. Cet état des faits montre une disparité de la situation épidémiologique entre ces zones et l’intérieur du pays.

Le Conseil note :

  • Le taux de positivité varie entre 20 et 30% depuis plusieurs semaines à Conakry alors que ce taux est de 7 à 12% dans les capitales voisines ;
  • Le manque d’isolement de tous les cas suspects ;
  • La non hospitalisation de tous les cas confirmés ;
  • La faible adhésion communautaire aux mesures de prévention.

Au regard de ces observations, le Conseil Scientifique recommande :

  • 1ere : le maintien de la fermeture des écoles. Cette mesure sera réévaluée en fonction de la situation épidémiologique et des avancées de la riposte pour déterminer la période de réouverture des écoles notamment pour les classes d’examen.

La réouverture sera subordonnée :

  1. À la présentation par les ministères sectoriels de l’éducation des mesures idoines de distanciation sociale dans les classes de l’ensemble des écoles du pays (en faisant respecter une distance de 1,5 m chaque deux élèves) et au sein des établissements ;
  2. À l’instauration des mesures barrières comme :

o   La prise systématique de température à l’entrée des établissements scolaires ; o Au lavage systématique des mains à l’entrée et à la sortie des établissements ; o Au port obligatoire des masques dans les cours et salles de classes ;

o   Au nettoyage et désinfection systématiques et réguliers des toilettes pour les maintenir propres.

  • 2eme : le maintien de la fermeture des lieux de culte.

Cette mesure sera réévaluée périodiquement et une recommandation sera formulée en tenant compte de l’évolution de la situation épidémiologique et des avancées de la riposte.

  • 3eme :  la réouverture des lieux de culte de façon progressive en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique et des avancées de la riposte, en commençant par les préfectures qui n’auront pas enregistré de cas pendant une période d’au moins 30 jours.

Cette réouverture sera subordonnée :

  1. À la présentation par les ministères en charge des affaires religieuses au Gouvernement des mesures idoines de distanciation sociale dans les lieux de culte en faisant respecter une distance de 1,5 m entre chaque fidèle ;
  2. Au respect des mesures barrières et de prévention comme :

ü  La prise systématique de température à l’entrée des lieux de culte ;

ü  Le lavage systématique de mains à l’entrée/sortie des lieux de culte ;

ü  Le port obligatoire des masques par les fidèles

ü  Le nettoyage et la désinfection systématiques et réguliers des toilettes pour les maintenir propres.

  • 4eme: Le maintien et le renforcement de l’isolement de la ville de Conakry pour réduire la propagation de la maladie et éviter son expansion vers l’intérieur du pays.
  • 5emePour les transports de marchandises, le maintien de la limitation du nombre de convoyeurs à 2 apprentis, 1 chauffeur et le/la propriétaire de la marchandise. S’ils viennent de l’étranger, à leur entrée sur le territoire national, ils seront soumis au confinement et au suivi pendant une période de 21 jours.
  • 6emele maintien de la limitation de passagers dans les transports en commun de la ville de Conakry de 3 passagers par voiture, 1 par moto, et 7 à 10 par minibus. A cet effet nous suggérons aux autorités compétentes :

o   D’ouvrir un espace de concertation avec les syndicats des transporteurs sur les tarifs officiels des tronçons ; o De procéder à une large sensibilisation des usagers et des transporteurs sur les gestes barrières et les raisons de leur application.

  • 7emeLe renforcement des mesures barrières aux lieux publics et privés (bureaux, marchés, restaurants, banques, etc.) par l’installation de kits de lavage des mains, le respect de la distanciation sociale, le port de masque, la désinfection au moins une fois par semaine des locaux etc.
  • 8emeLe respect strict de la mesure relative à la vérification du statut infectieux de toute personne désirant sortir de Conakry. L’interdiction de la sortie de toute personne contact pendant les 21 jours de suivi. Pour ce faire, les dispositions suivantes sont recommandées :

o   Augmenter les capacités de dépistage à Conakry, dans sa périphérie et dans les capitales régionales ;

o   Sensibiliser les forces de l’ordre sur la nécessité et l’importance d’appliquer strictement les mesures prises dans le respect strict des droits et de la dignité humaine.

  • 9emele maintien du couvre-feu nocturne qui doit couvrir la période de 22 heures à 5 heures du matin.
  • 10emele maintien et le renforcement des autres dispositions antérieures comme le port obligatoire des masques, la limitation des rassemblements, la fermeture des bars et autres lieux de loisirs, le transfert de corps entre les différentes préfectures de la Guinée et en provenance de l’étranger. Ces mesures doivent être accompagnées par les dispositions suivantes :

o   Une application de mesures disciplinaires à l’endroit des éléments des forces de l’ordre qui enfreignent aux mesures citées plus hauts et qui commettent des exactions ; o  Une large éducation/sensibilisation des populations sur les raisons du port du masque et des autres mesures barrières avec l’implication de tous les canaux de communication (médias publics et privés, ONG ; Communicateurs traditionnels et artistes et musiciens, etc.) ;

o   Le renforcement de la distribution des masques aux populations en commençant par les couches vulnérables et la population à risque et leur sensibilisation à l’utilisation correct ;

o   Une invite aux commerces et aux sociétés (Banques et Assurances par exemple à la distribution de masques à leur personnel et à leurs clients.

  • 11eme Impliquer davantage les autorités locales, les Ministères de la Défense Nationale, de la Sécurité et de la Protection Civile et l’Administration du Territoire pour faire respecter rigoureusement les mesures barrières et de restriction.
  • 12eme Une large implication des leaders communautaires et des médias à travers un plan et un guide de communication, en vue d’amener la population à adhérer aux mesures restrictives et obtenir leur engagement et leur collaboration dans leur application.  La Présidente du Conseil Scientifique de Riposte

Professeur Yolande HYJAZI

Présidente du Conseil Scientifique de Riposte

Transmis par la Cellule de Communication du Gouvernement

…………………………………………………………………………………………………………………………………….

……………………………………………………………………………………………………………………………………..

CONSEIL SCIENTIFIQUE DE RIPOSTE (CSR) CONTRE LA PANDEMIE DE LA MALADIE A CORONAVIRUS (COVID-19) – AVIS DU CONSEIL SCIENTIFIQUE : N°004 du 19 MAI 2020

 

Conakry, le 22 mai 2020 – Le Conseil scientifique s’est réuni le Mardi19 Mai 2020 pour examiner la nécessité d’encourager et d’accompagner les initiatives de recherche et de valorisation des produits issus de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle guinéennes dans la lutte contre la COVID-19.

OBSERVATIONS PREALABLES

Le Conseil observe :

Que le gouvernement guinéen à travers le MESRS accorde une importance particulière à la recherche sur les thèmes relatifs à la COVID-19 ;

 Que dans le cadre de la riposte à la COVID-19, le MESRS a invité toutes les institutions du département à s’impliquer activement à travers des projets innovants contribuant à la prévention, la sensibilisation et à la prise en charge de la pathologie ;

Que le MESRS souhaite avoir un avis sur la pertinence et l’importance de mettre en place un comité technique de recherche pour faciliter les activités de recherche pendant cette période d’urgence ;

Que la Guinée dispose d’une pharmacopée et d’une médecine traditionnelle riches et variées auxquelles font recours plus de la majorité de la population pour des raisons d’accessibilité économique et/ou socioculturelle ;

Un regain d’intérêt pour les produits issus de la pharmacopée et la médecine traditionnelle dans la riposte anti-COVID-19 ;

Une mobilisation effective des chercheurs et tradipraticiens exprimant leur volonté de participer activement dans la lutte contre la maladie à coronavirus, COVID-19 ;

Une multitude d’informations non vérifiées diffusées via les réseaux sociaux sur des recettes supposées efficaces pour la prévention et le traitement de la COVID-19 ;

Une mise en exergue de plantes exotiques du genre Artemisia, Azadirachta ;

Qu’il y’a une nécessité de valoriser les ressources locales et les chercheurs guinéens dans la riposte contre la pandémie à COVID-19.

Au regard de ces observations, le conseil scientifique recommande :

  • 1éreLa mise en place d’un comité technique de recherche au niveau du MESRS. Ce comité devra entre autres :

o   Élaborer une note conceptuelle pour lancer un appel à projets afin de promouvoir et encourager la recherche sur la COVID-19 en Guinée, Contribuer à la sélection des projets de recherche et d’innovation les plus pertinents, o Apporter un appui technique au conseil scientifique pour la riposte, o Faciliter les prises de décision éclairées dans la lutte contre la COVID-19.

  • 2eme : L’exploration et la valorisation des ressources de la médecine traditionnelle et de la pharmacopée guinéennes dans la lutte contre la COVID-19,
  • 3eme: Aux détenteurs des recettes issues de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle guinéennes revendiquant une activité contre la COVID-19 :

o   L’identification des ingrédients composant la recette ; o La standardisation de la recette proposée ;

o   L’élaboration d’un protocole d’évaluation thérapeutique si nécessaire : soit en partenariat soit sous le parrainage en la matière d’institutions spécialisées.

  • 4eme : L’évaluation de l’efficacité et de la tolérance de tout traitement proposé contre la COVID-19 suite à un protocole d’essai clinique validé par le Comité National d’Ethique et de Recherche en Santé (CNERS). A cet effet le conseil encourage :

o   La conduite d’essais cliniques portant sur des phytomédicaments élaborés par l’Institut de Recherche et de Valorisation des Plantes Médicinales et Alimentaires de Guinée (Dubréka) selon 2 protocoles soumis au Conseil Scientifique et CNERS pour avis.

o   La conduite d’un essai clinique sur l’efficacité et la tolérance de Artemisia annua dans le traitement de COVID -19. Le détenteur de cette recette devra soumettre un protocole d’essai clinique au CNERS pour validation.

5eme : Un accompagnement du gouvernement à travers un fond dédié à la recherche contre la COVID-19 dans la mise en œuvre de tout protocole ou projet de recherche validé par le Conseil Scientifique et approuvé par le CNERS.

Professeur Yolande HYJAZI

Présidente du Conseil Scientifique de Riposte

Transmis par la Cellule de Communication du Gouvernement

About Author

Abonnez-vous à notre newsletter