Plage de Rogbané: « Je crois que c’est le moment de revenir »

29 juillet 2014 – 29 juillet 2015. Cela fait un an, jour pour jour, depuis que trente-quatre jeunes guinéens ont péri à la plage de Rogbané. Ce drame avait plongé tout le pays dans la tristesse et la désolation. Parties à la fleur de l’âge, ces victimes ne seront jamais oubliées car leur armoire est à jamais gravée dans cette portion sableuse de Conakry. Mais un an après, comment est devenue cette plage de la banlieue de la capitale?

En effet, la plage de Rogbané est devenue, elle-même, une désolation puisque caractérisée par une insularité insolente aux yeux des voisins de ce « jadis » paradis juvénile de Conakry autrefois marqué par des chants et des danses de l’après-midi jusqu’au cœur de la nuit.

Aujourd’hui, ce sont des tas d’immondices et une puanteur sans égale qui vous accueillent à l’entrée. Partout, c’est l’insalubrité. Les tas d’immondices de tout genre sont éparpillées sur toute la plage à part quelques endroits servant de lieu de récréation à certains jeunes du coin qui y jouent au football.

Face à cette situation lamentable, il n’y a personne pour sauver cette plage, abandonnée à elle-même. Les autorités de la mairie de Ratoma, le gouvernorat de la ville de Conakry n’y font rien (pour le moment) pour restaurer le site qui employait autrefois des dizaines de jeunes du quartier Taouyah et ailleurs.

Animaux morts, bouteilles de tout genre, déchets de toutes sortes, boites de conserve, papiers et caoutchouc, tout y est jeté et renvoyé par l’eau à la bordure rétrécissant davantage l’espace de jeu des jeunes.


A Rogbané, le visiteur est frappé par le reste des bâtiments qui servaient de bars, aujourd’hui, en ruine. On voit sur les murs des écritures presqu’illisibles. Les marques de certaines boissons sont toujours visibles malgré les intempéries.

Rien pour la mémoire des victimes…

A la plage, rien ne montre que le gouvernement a eu le moindre souci de se souvenir de ces âmes disparues à la fleur de l’âge à cause de l’irresponsabilité des autorités communales et des forces de sécurité. On n’aperçoit aucune stèle à la mémoire des morts, partis sans dire au revoir à leurs parents dont certains ignoraient où étaient leurs fils au lendemain d’une fête de ramadan.

Pourtant, ce lieu -qui a connu l’une des pages les plus sombres de l’histoire guinéenne- devrait abriter une stèle en guise de commémoration des victimes. Mais à la place de cette stèle, les ordures ont ravi la vedette rendant ce lieu infréquentable.


Ahmed Diabaté, l’un des rares jeunes qui fréquentent encore la plage de Rogbané témoigne:

« Cette tragédie du 29 juillet fait très mal. Que l’âme des victimes reposent en paix. (Amen!) C’est une tragédie qui a touché toute la Guinée. Malheureusement, c’est un fait de Dieu, nous devons l’accepter. Ce drame est regrettable. Malgré tout, ici, ça reste une plage. Les gens viendront toujours. Qu’aujourd’hui, c’est fermé sur ordre des autorités, mais il fallait reprendre avec la propreté, c’est très sale. Les gens ne viennent pas balayer parce qu’il y a personne pour s’en occuper…On doit s’occuper du site parce que si on parle d’environnement, ça doit commencer ici…Je crois que c’est le moment de revenir ».

 

Oumou Bah

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Plage de Rogbané: « Je crois que c’est le moment de revenir »

29 juillet 2014 – 29 juillet 2015. Cela fait un an, jour pour jour, depuis que trente-quatre jeunes guinéens ont péri à la plage de Rogbané. Ce drame avait plongé tout le pays dans la tristesse et la désolation. Parties à la fleur de l’âge, ces victimes ne seront jamais oubliées car leur armoire est à jamais gravée dans cette portion sableuse de Conakry. Mais un an après, comment est devenue cette plage de la banlieue de la capitale?

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