Emploi jeune: « Il y a un décalage entre les besoins des entreprises et les produits issus des institutions de formation » (Naïté)

Depuis son installation à la tête du ministère de la jeunesse et de l’emploi le 23 janvier 2014, Moustapha Naïté multiplie des efforts pour faire de l’emploi jeune une réalité en Guinée.

Visiblement conscient de la place importante de la jeunesse guinéenne dans le développement du pays, Moustapha Naïté affiche sa volonté d’œuvre pour l’autonomisation effective des jeunes à travers des programmes bien planifiés.

Pour mieux connaitre le contour de la problématique d’emploi des jeunes et mettre en place une stratégie efficace, l’ancien directeur du patrimoine bâti a initié une retraite sur Kamsar. Des pourparlers fructueux assortis d’un plan d’action pour les deux années à venir en matière de la lutte contre le sous-emploi et le chômage des jeunes guinéens. Au total, dix sept projets sont identifiés par l’équipe Naité.

« La couche la plus importante de la population est confrontée à une situation de précarité qui constitue un véritable obstacle à son épanouissement et qui l’empêche de libérer l’immense génie dont elle est porteuse pour valablement assurer la place qui est la sienne pour relever les grands défis de développement qui se posent à la Guinée » reconnaissait-t-il lors de sa prise de fonction.

Un constat amer qui inspire le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi jeune. Pour en finir avec la précarité, il a appelé à un sursaut patriotique national pour inverser cette tendance. Naité reste également conscient que si l’on reste sur ce statuquo, c’est la dérive pour la Guinée qui a forcement besoin de sa jeunesse pour relever les grands défis du siècle. Car pour lui, « la situation de pauvreté fragilise l’individu physiquement, moralement et surtout quand sa dignité est menacée, l’homme peut être confronté, dans ses choix, à faire des compromis ou des compromissions pour assurer sa survie ou pour sortir de certaines situations très précaires. La pauvreté demeure un terreau fertile de la violence, des mouvements populaires jeunes ».

A la question de savoir pourquoi cette question d’emploi jeune trouve difficilement une solution adéquate, Naïté évoque une certaine inadéquation entre la formation initiale des jeunes et les besoins du marché d’emploi. A l’en croire, plus de 300 mille jeunes Guinéens sont déversés chaque année sur le marché de l’emploi alors que les un tiers n’ont jamais un emploi décent. De l’autre côté, on évoque aussi la rareté des opportunités ou des offres d’emploi. Afin de rétablir l’équilibre et inverser la tendance, Moustapha Naité estime qu’il y a une nécessité impérieuse de revoir le contenu des programmes d’enseignement et l’adapter au goût de marché d’emploi.

« La question de l’emploi des jeunes guinéens est complexe. Ils sont près de 300 mille qui, chaque année, sortent du système scolaire sans aucune qualification et qui se retrouvent sur le marché concurrentiel de l’emploi. La filière de la formation professionnelle est en train de se développer. Il y a un décalage entre les besoins des entreprises et les produits issus de ces institutions de formation » remarque le patron de Mouna Internet.

A ce jour, le ministre Naité se dit conscient de la volonté de chaque jeune guinéen à trouver un emploi décent, à réussir sa vie, à entreprendre des activités mais, faute de moyens et d’appuis financiers, cette volonté ne rencontre jamais le succès escompté. Le contrat de performance de Naité Sans aucun doute, Moustapha croit dur comme fer que s’il faut rompre avec cette situation précaire des jeunes et faire du chômage des jeunes un lointain souvenir, il va falloir mettre en pratique une certaine mesure. Conscient également de la richesse du sous-sol guinéen et de la possibilité de réussite de la pratique agricole, le ministre de la jeunesse invite les jeunes à s’intéresser davantage à la terre.

Car pour lui, on peut créer plus d’emplois pour la jeunesse par le développement de l’agriculture. Pour ce faire, il recommande la conception de grands projets agricoles qui utiliseront une forte main-d’œuvre dans le simple but d’orienter des jeunes sans emploi ou sans qualification dans ce secteur porteur de croissance et de développement. A l’Etat, le ministre Moustapha Naïté invite au lancement de grands travaux à forte intensité de main-d’œuvre notamment des projets infrastructurels.

Des efforts selon lui qui pourront à coût sûr, absorber une partie des jeunes sans emploi. Décidé à mettre fin à cette situation insupportable des jeunes, le ministre propose un contrat de performance et d’échange de services aux entreprises exerçant en Guinée. Pour accroître les chances d’embauche des jeunes, il s’engage à mettre en place une véritable politique de l’emploi qui serait axée sur la réalisation des grands chantiers de l’Etat et qui seront confiés au secteur privé avec des objectifs de recrutement bien planifiés en contrepartie. Pour inciter davantage les entreprises privées, le ministre parle des mesures fiscales d’accompagnement pour encourager le secteur privé dans ce sens.

« Nous nous appuierons sur le secteur privé pour trouver des solutions à l’emploi des jeunes. Bien que le rôle de l’Etat ne soit pas de recruter pour résorber le chômage dans le pays, il s’impose une exigence absolue qui est celle pour l’Etat de créer les conditions pour la croissance d’un secteur privé capable d’apporter aux jeunes l’emploi et revenus conformément au projet de société du Président de la République, le Pr. Alpha Condé » a expliqué Moustapha Naïté.

A l’image de certains pays émergents, le ministre de la jeunesse invite les jeunes guinéens surtout de la diaspora a exploré la piste de volontariat afin de participer au développement du pays. « Il faudrait amener des jeunes de notre pays vivant ici ou ailleurs, à l’instar des volontaires venant des autres pays, à prendre une part active au combat contre la pauvreté, au combat pour l’amélioration des conditions de vie des populations démunies en consacrant une période de leur vie au service de ces populations. Il doit être une solution crédible et noble pour notre jeunesse comme une alternative à l’emploi », a-t-il proposé.

Ne voulant pas s’arrêter aussitôt dans sa démarche vers l’emploi des jeunes et leur autonomisation, Moustapha Naité anticipe l’idée de dialogue intergénérationnel. Il reste plus que jamais convaincu que cet exercice est un moyen facilitant l’embauche des jeunes et leur encadrement par les doyens.

« Des générations se sont succédé dans le pays. Chaque génération a eu son contexte et son vécu. Chaque génération a eu ses réalités et ses responsabilités. Qu’est-ce que nous avons légué à la génération présente et qu’allons-nous léguer à la prochaine génération ? Souvent, nous vivons sans penser aux générations futures tant dans la gestion des ressources du pays tant dans la gestion de notre environnement que dans la mise en place ou la consolidation d’un Etat de droit. Il ne s’agit pas de demander à l’autre génération de céder la place à la nouvelle mais de trouver ensemble des canaux de convergences, des canaux d’échanges et de communication pour aborder et résoudre les problèmes et les défis du présent » remarque le ministre.

Comme pour dire que la question de l’emploi jeune est transversale, le ministre demande une synergie d’action de l’ensemble des départements ministériels, organisations non gouvernementales et les opérateurs économiques privés. « L’épanouissement des jeunes dépend d’une multitude d’actions et d’initiatives qui se trouvent dispersées dans de nombreux départements et services de l’Etat (Enseignement Pré-Universitaire, Santé, Formation professionnelle, Promotion du secteur privé… Notre rôle sera de mobiliser toutes ces initiatives et de leur conférer une cohérence et une efficacité indispensable pour l’émergence d’une jeunesse active citoyenne consciente des enjeux et défis du marché d’emploi » estime le nouveau ministre de la jeunesse.

 

Aboubacar Condé

 

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