Sommet de Mano River sur Ebola : « Nous devons créer une synergie qui permette aux trois pays de se relever rapidement », dixit Hadja Saran Daraba Camara

Les 13, 14 et 15 février, Conakry a abrité un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’Union du fleuve Mano.

A l’initiative même de cette organisation qui regroupe le Liberia, la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire et la Guinée. Et que dirige avec assez d’aisance managériale notre compatriote Hadja Saran Daraba Camara qui tutoie aisément le français et l’anglais. 

Finir avec Ebola dans un bref délai, relancer les économies durement éprouvées et relever les trois pays foncièrement à terre à cause de l’épidémie, les chefs d’Etat Ernest Baï Koroma, Ellen Johnson Sirleaf, Alassane Ouattara (qui s’est fait représenter par son ministre des Affaires étrangères) et Alpha Condé en ont fait leur cheval de bataille.  Et le chemin est déjà balisé. La secrétaire générale de l’Ufm revient sur les temps forts… 

La République : Après deux jours de travaux intenses des ministres et experts des pays membres de l’Union du fleuve Mano, que peut-on retenir de la rencontre de Conakry ? 

Hadja Saran Daraba Camara : c’est la conscience prise du rôle de coordination de l’Union du fleuve Mano dans non seulement l’atteinte de la situation ‘’Ebola Zéro’’, mais également le programme de relance économique de la sous-région. 

Vous savez que ces deux dernières années, c’est-à-dire depuis 2012, l’Union a fait d’intenses efforts pour essayer de mettre en place une grande initiative de développement social, économique et culturel qui a été soutenue par la Banque africaine de développement (Bad). 

Nous avons eu l’appui, l’expertise de la Banque africaine de développement pour formuler une initiative qui a plusieurs composantes. 

Premièrement, il y a les infrastructures, donc les routes et l’énergie, mais il y a également l’éducation avec la création des centres d’excellence dans chacun des pays pour former les cadres dont la sous-région a besoin. Nous avons également la relance de la compagnie aérienne Air Mano. 

La crise d’Ebola a montré combien de fois nous sommes fragiles en matière de transports aériens quand les autres décident de nous isoler. C’est pourquoi la relance de cette compagnie qui a existé auparavant est une initiative importante pour nous. Enfin, dans cette initiative, nous avons aussi un programme de renforcement économique des femmes qui sont un peu les colonnes vertébrales de l’économie informelle dans nos pays. 

Donc pour nous, la réunion de Conakry, c’est d’abord la réaffirmation du rôle de coordination et de supervision des aspects transnationaux. Vous avez vu que la dispersion de la maladie est partie des zones frontalières et cela n’a pas obéi à une logique nationale. 

C’est pourquoi après un an d’action au niveau de chaque pays, il était important que les experts, mais aussi les ministres se réunissent pour tirer les leçons de ce qui a été fait et se mettre ensemble d’aller vers non seulement ‘’Ebola Zéro’’, mais relancer économiquement nos pays. 

Et saisir l’opportunité du coup dur que nous avons eu pour relancer la sous-région et en faire une force motrice en Afrique. 

Vous avez été très appréciée pour votre implication personnelle dans la recherche des voies et moyens permettant de mettre un terme à cette épidémie et l’élaboration du plan de relèvement des pays affectés par Ebola. Quel sentiment sera vous inspire ?

D’abord, cela nous honore. Parce que vous savez, travailler pour quatre pays qui en plus ont une différence linguistique n’est pas chose aisée. Mais l’équipe du secrétariat que j’ai le privilège de diriger a mis le paquet pour réussir la formulation de cette initiative de l’Union du fleuve Mano. 

Et je crois que c’est à ces efforts que les ministres et les experts ici présents ont rendu hommage. Mais ce qui nous interpelle le plus en ce moment, c’est de réussir à vaincre la maladie dans le temps le plus court possible. Et dans les trois pays en même temps, pas de manière séparée. 

Deuxièmement, d’avoir un programme maintenant pour que nous puissions capitaliser les acquis des uns et des autres et créer une synergie qui permette aux trois pays de se relever rapidement et arriver au stade où nous souhaitons que l’émergence puisse se faire. 

Pour le suivi des décisions prises lors de ce sommet de Conakry, quel rôle votre institution sera encore amenée à jouer ? 

Je pense que c’est notre rôle, à la Mano, d’assurer le suivi de la mise en œuvre des décisions prises à ce sommet de Conakry. Plus qu’avant, nous avons maintenant conscience que tous les aspects qui sont transnationaux devront être suivis. 

Mais il faudra également de la vigilance pour voir quelles sont les questions spécifiques de chaque pays pour leur permettre d’être dans le peloton, ensemble, pour arriver à l’objectif de développement social, économique, politique que nous ambitionnons tous pour la sous-région.

 

Entretien réalisé par Zézé Zoumanigui

In La République

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