Secteur privé guinéen : Quand des opérateurs économiques se déclarent la guerre

 

 

La guerre du business semble ouvertement lancée en Guinée. Depuis la signature récente d’un protocole d’entente par trois structures patronales guinéennes pour défendre le secteur privé, d’autres voix viennent de se lever pour crier à une stratégie de hold-up orchestré notamment par le Patronat de Guinée (PAG), le Conseil national du patronat de Guinée (CNPG) et la Confédération patronale des entreprises de Guinée (CPEG).

 

Ces patronats se sont unis pour défendre et faire la promotion des affaires en Guinée. Ce « protocole » qui a été présenté au président Alpha Condé a dû faire des piques à certains de ses proches, notamment ceux  du Conseil national des opérateurs économiques guinéens pour le développement (CONOGUID) piloté par Thierno Maadjou Barry, très connu sous le sobriquet de ‘’Barry Angola’’.

Et le samedi 22 février dernier, ‘’Barry Angola’’ et ses caporaux ont sorti leurs griffes à travers une conférence de presse pour présenter, disent-ils, les actions qu’ils ont entreprises et les perspectives du CONOGUID, né en mai 2011, après la victoire du Prof Alpha Condé à l’élection présidentielle de 2010. Très amer, ‘’Barry Angola’’ martèle, dans un français approximatif, qu’il y a « des gens qui se sont réunis pour former un groupe de patronats et parler au nom de tout le monde.

Cela est grave. C’est une catastrophe. C’est pour empêche le pays de bouger. Ils ne répondent pas au nom de tout le secteur privé, mais au nom de leurs structures ». Cette guéguerre de clans patronaux risque bien de polluer l’atmosphère des affaires en Guinée, tant le débat s’annonce houleux. En tous les cas, M. Mamadi Diakité, lecoordinateur de ce regroupement d’hommes d’affaires, a annoncé les couleurs.

Cette conférence leur sert de tribune pour « faire connaitre par la population guinéenne et au plan international la Conoguid ». Ils auraient trouvé, eux opérateurs économiques, la nécessité de s’inscrire dans la vision du président de la République. « On s’est alors réunis pour la création de cette structure », explique-t-il. Leurs programmes et objectifs, lance-t-il à qui veut l’entendre, cadrent avec le programme de société du président Alpha Condé. Ni moins ni plus !

Pour Mamadi Diakité, il s’est agi de trouver une plate-forme commune, un cadre de concertation plus approprié aux échanges entre opérateurs économiques et au renforcement du dialogue social, pour répondre au besoin impérieux des consommateurs guinéens et des pouvoirs publics en disposant d’une nouvelle structure plus sensible, attentive et soucieuse de leurs préoccupations.

 

 

 

Objectifs

 

Qu’attendre d’un nouveau conseil national des opérateurs économiques guinéens ? Les responsables du CONOGUID qui ne se reconnaissent pas dans les autres structures existantes, se sont assigné des objectifs pour le « développement » de la Guinée. Il s’agit pour eux de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations guinéennes.

 

Mais pour y parvenir, ils se donnent une mission de moralisation des activités économiques en Guinée, d’incitation à l’émergence d’une nouvelle génération d’opérateurs économiques et de promotion des investissements directs extérieurs par la recherche des partenaires performants et crédibles. Ce ne serait pas tout.

 

Le CONOGUID veut promouvoir également l’auto-emploi par la création et l’incubation des petites et moyennes entreprises, faciliter les mécanismes d’accès aux crédits à ses membres, contribuer à l’approvisionnement régulier et correct du marché en produits de première nécessité pour le bien-être du consommateur guinéen, renforcer les capacités et défendre les droits de ses membres.

 

« Nous aidons les gens qui sont dans les affaires, ceux qui veulent faire des affaires, ou ceux qui sont en difficultés », précise le président du CONOGUID, Thierno Maadjou Barry.

 

Pour lui, en dépit de l’existence des structures patronales qui s’arrogent le droit de défendre tout le secteur privé, tous les secteurs de développement sont en train de souffrir d’une mauvaise politique et stratégie d’intervention. « Tout le monde souffre, parce que le secteur privé est malade ».

Et ‘’Barry Angola’’ promet de « sauver tout le monde, paysans ou hommes d’affaires’’, en faisant en sorte que tous les acteurs du secteur privé jouissent enfin d’un changement qualitatif et durable. Le mal guinéen, selon lui, relève du manque de mécanisme. Sa structure a jeté son dévolu sur le commerce, l’agriculture, la pêche et l’élevage, l’industrie et l’artisanat, les mines, le bâtiment et les travaux publics, les banques, assurances et micro-finance, le tourisme et l’hôtellerie, les transports et autres prestations de services. Ouf !

 

 

Zézé Zoumanigui (avec La République)

 

About Author

Abonnez-vous à notre newsletter