Privatisation du port de Conakry: les vérités crues des syndicats au président Alpha Condé 

Les syndicalistes du port autonome de Conakry (PAC) sont  remontés contre le contrat signé entre une société turque et le chef de l’État, à huis clos, pour céder une  partie du port pour  30 ans.

Suite à cette situation, ces syndicalistes ont  décidé de fermer, lundi 13 août 2018, portes et fenêtres du PAC pour interpeller les signataires d’annuler le contrat pour, disent-ils, le bien-être de la Guinée.

M. Cheick Chérif Touré, le secrétaire général du syndicat du port autonome de Conakry est revenu sur la rencontre entre eux et le président Alpha Condé à Sékoutouréyah.

« Pendant qu’on suivait la grève, il nous a été signifié que le contrat du port a été signé par la directrice générale Awa Keita, donnant le port aux Turcs. C’est presque un contrat de vente qui n’est pas conforme aux critères de convergence d’un contrat. Quand j’ai appris cette nouvelle, j’ai informé mes frères syndicalistes, suivi d’un communiqué sur les réseaux sociaux informant  l’ensemble des travailleurs et travailleuses que c’est Mme Awa Keita et le ministre des Transports, Aboubacar Sylla. Ce n’est pas un fait nouveau pour lui. Pendant les années 1990, c’est eux qui ont bradé l’unité de privatisation de la Guinée, des entreprises étatiques, l’usine textile de Sanoyah, la briqueterie de Kobaya (…) », révèle-t-il.

Le président, informé de cette situation, aurait convoqué les syndicalistes à Sékoutouréyah  pour échanger sur le sujet de contrat en question.

« Il nous a reçu. Après, il est devenu furieux, en nous demandant vous avez dit que j’ai vendu le port ? Alors toi Cheick, pourquoi j’ai vendu le port ? J’ai dit Monsieur le Président le pays est régi par le principe de séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. J’ai dit si vous devez envisager quelque chose, vous devez faire un projet de loi à soumettre à  l’Assemblée Nationales. C’est à elle d’examiner et de ratifier, après le judiciaire l’applique », dit-il au chef de l’État guinéen.

Toujours amer envers le chef de l’État, le syndicaliste n’a pas mâché ses mots: « si un tel contrat a été signé de façon unilatérale, les travailleurs ne sont pas au courant, les membres de direction sectorielle du port autonome, le peuple de Guinée et même les membres du gouvernement au conseil des ministres pour pouvoir en discuter, c’est une vente et nous demandons l’annulation de ce contrat ».

« Il m’a insulté, en disant tu es plus patriote que moi? Tu es plus patriote que moi? Moi je dois investir des millions de dollars aux Turcs. J’ai répondu Monsieur le Président, les comptes du port sont saisis, plus de 300 milliards de francs guinéens sont à la Banque centrale, vous avez saisi les 300 millions d’euros. J’ai dit s’il y a de tel contrat qui est signé, c’est une honte surtout dans un pays où il y a des crises perpétuelles, l’inflation galopante de 50% aujourd’hui, la monnaie turque a chuté, est-ce que ceux-là  peuvent venir ici pour développer la Guinée », s’interroge le syndicaliste Cheick Touré.

Il a dit ses vérités au président Alpha Condé:

« Vous oublier ce que vos prédécesseurs n’ont pas fait, ce que le père de l’indépendance le camarade Amed Sékou Touré n’a pas fait, ce que le père de la de la démocratie guinéenne le feu général Lansana Conté  n’a pas fait, même les militaires Moussa Dadis Camara et Sékouba  Konaté n’ont pas fait. C’est ce que vous, vous  êtes en train de faire. Votre objectif, c’est pour vendre le pays. J’ai dit au président que vous avez mené des négociations pour développer le pays, mais où sont les 700 millions de dollars que vous avez obtenus avec la société Rio Tinto? Parce que vous avez dit que vous avez logé ça  dans un autre compte. Dans le jargon économique, c’est un détournement purement et simplement. Il m’a retiré la parole », explique-t-il.

Quant à Sory Magassouba, le 2ème délégué de la délégation syndicale du port autonome de Conakry, dit que depuis 6 mois, le président Condé a appelé un cabinet étranger qui était en train de travailler sur le contrat avec des Turcs.

« Quand le contrat a été ficelé, nous avons été informés par des gens qui sont proches de lui. Aujourdhui, nous avons compris que le port autonome est en vente. Pendant 30 ans, le port n’appartiendra pas à la Guinée. Le président de la République a dit qu’il va aller avec nous ou sans nous. Et, dans ce contrat signé avec les Turcs,  le peuple de Guinée a 18%, et pendant 10 ans les Turcs ne payeront pas de taxes douanières, de TVA. Ils vont se servir des redevances du port pour investir et la plupart des travailleurs seront des expatriés. C’est ce qui est écrit dans ce contrat. Ils vont licencier tous les travailleurs du autonome de Conakry. Ils ne  seront pas indemnisés et n’auront aucun lien avec le concessionnaire », révèle-t-il.

Albert Sovogui pour guineenouvelles.com

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