Perspectives économiques: «le problème, c’est la meilleure façon d’utiliser les ressources extérieures » (rapport FMI)

Le Fonds monétaire international (FMI) a présenté, mercredi à Conakry, le rapport sur les perspectives économiques régionales. La cérémonie a eu lieu au ministère guinéen de l’Economie et des finances où plusieurs cadres du monde des finances étaient présents. Selon le rapport, les perspectives macroéconomiques de l’Afrique subsaharienne continuent de s’affermir et que la croissance devrait passer de 2,7% en 2017 à 3,1% en 2018, grâce à des ajustements des politiques nationales et à un environnement extérieur favorable, notamment la persistance d’une croissance soutenue de l’économie mondiale, la hausse des prix des produits de base et des conditions de financement extérieures accommodantes.

«L’inflation recule et les déséquilibres budgétaires sont maîtrisés dans bon nombre de pays. A moyen terme, et à politiques économiques inchangées, la croissance devrait s’accélérer pour avoisiner 4%, soit un niveau trop bas pour créer le nombre d’emplois nécessaires afin d’absorber les nouveaux arrivants sur les marchés du travail», lit-on dans le rapport.

Selon M. José Sulemane, le représentant en Guinée du FMI, la projection portait sur les perspectives économiques sous-régionales de l’Afrique subsaharienne, notamment sur les flux des capitaux et l’avenir de l’emploi en Afrique.

«Il y a trois messages dans ce rapport. Premièrement, il y a la persistance de la croissance en Afrique subsaharienne, mais il y a aussi les défis tels que les changements au niveau des marchés internationaux, le taux d’intérêts dans les pays développés, le problème de prix des matières premières mais aussi le problème des échanges. Deuxièmement, il y a une bonne évolution dans le secteur budgétaire dans les pays de l’Afrique subsaharienne, mais elle a aussi les besoins de mobilisation des recettes pour réaliser les infrastructures de développement. Troisièmement, il faut faire attention au problème de développement récent des tensions commerciales entre l’Amérique et la Chine qui va affecter l’évolution technologique, l’évolution du marché  dans les économies de l’Afrique subsaharienne et en particulier la jeunesse », explique-t-il.

Il a fait cas, également, de la consistance de la croissance et déficit budgétaire, ainsi que les moyens de FMI  pour appuyer les Etats.

«Il y a la surveillance mondiale qui est faite et les critères de l’article 4 de la création du FMI qui est l’accompagnement des économies. Si les pays de l’Afrique subsaharienne peuvent bénéficier du financement qui est possible par exemple avec une facilité élargie de crédit, il y a aussi le soutien sur l’assistance technique pour aider à faire des politiques domestiques et la possibilité de formation, dit-il.

Sur la partie budgétaire, M. José Sulemane a indiqué que le problème, c’est la meilleure façon d’utiliser les ressources extérieures, de générer des ressources domestiques et faire une bonne utilisation de ces ressources dans les dépenses publiques.

« Nous partageons l’essentiel des conclusions »

M. Bakary Sylla, le chef de cabinet du ministère de l’Economie et des finances, pense que c’est un très bon rapport.

«Il est utile, quand on a mis en œuvre un certain nombre de réformes et de mesures, qu’on s’assoie et qu’on se pose la question est-ce que ça va dans le bon sens ou pas. Le rapport nous montre que nous allons dans le bon sens. Nous partageons l’essentiel des conclusions contenues dans le rapport, c’est-à-dire accentuer l’efficience des dépenses publiques afin de notamment de diminuer les subventions improductives, mobiliser davantage de recettes intérieures», estime-t-il.

«Ce qui veut dire que nous partons d’un constat que la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne sont en dessous de 3 à 5% de leurs potentiels de mobilisation de recettes. Et en dernier point, nous devons veiller à la viabilité de la dette. Il a été beaucoup question de l’endettement public et c’est pour nous aujourd’hui de garantir l’avenir des générations futures en leur laissant des dettes sur table que la croissance économique pourrait rembourser», soutient M. Sylla.

Selon lui, aujourd’hui le contexte international est moins favorable, à cause notamment des tensions commerciales.

«C’est connu, entre la Chine et les États-Unis d’Amérique, les uns élèvent des barrières douanières contre les produits des autres. Il y a aussi des risques politiques en Europe, le Brexit qui induit un certain nombre d’incertitudes au niveau international. Cela se traduit économiquement dans les taux qui sont pratiqués sur ces marchés. Et dès lors qu’il y a une augmentation de taux aux Etats-Unis et en Europe, forcément cela se traduit dans les emprunts au niveau mondial et dans les marges qui sont inclues dans les taux d’intérêts», rappelle-t-il.

Zézé Zoumanigui

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