Perspectives économiques en Afrique: Afrique de l’ouest, des progrès dans un panorama contrasté (BAD)

La Banque africaine de développement étoffe sa publication phare, Perspectives économiques en Afrique, de cinq rapports régionaux. Ces études économiques régionales ont été rendues publiques à Tunis (Afrique du Nord), à Abidjan (Afrique de l’Ouest et Afrique centrale), à Nairobi (Afrique de l’Est) et à Pretoria (Afrique australe).

«En proposant pour la première fois des approches régionales, nous souhaitons mettre à profit l’expertise de la Banque et donner plus de profondeur d’analyse et de pertinence à cette publication », a déclaré Célestin Monga, économiste en chef et vice-président de la Gouvernance économique et de la gestion du savoir de la Banque africaine de développement.

«La volonté d’intégrer un rapport spécifique sur chacune des cinq régions reflète l’importance que la Banque africaine de développement accorde à la dimension régionale du développement, en vue d’une croissance davantage inclusive en Afrique », a déclaré Mohamed El Azizi, directeur général de la région Afrique du Nord.

Afrique du Nord : des perspectives positives pour 2018 et 2019

L’année 2017 s’est conclue en Afrique du Nord sur une croissance de 4,9 % du PIB réel, en hausse par rapport aux 3,3 % enregistrés en 2016. Cette performance économique est supérieure à la moyenne de 3,6 % pour l’ensemble du continent. Ces chiffres s’expliquent par une production de pétrole plus importante que prévue en Libye, par la performance du Maroc, qui a vu son taux de croissance passer de 1,2 % en 2016 à 4,1 % en 2017, car stimulé par la hausse de la productivité agricole. Portée par son programme de réformes macroéconomiques et structurelles, l’Égypte affiche elle aussi une croissance de son PIB de l’ordre de 4 % en 2017.

D’un point de vue global, la croissance de la région Afrique du Nord est nourrie principalement par le secteur réel, dont de nouveaux secteurs à haute valeur ajoutée comme l’électronique et la mécanique, ainsi que par la consommation privée et publique. Les perspectives demeurent positives pour 2018 et 2019, grâce notamment aux réformes engagées dans l’ensemble des pays de la région. La croissance de l’Afrique du Nord devrait atteindre respectivement 5 % et 4,6 % en 2018 et 2019.

Afrique de l’Est : la meilleure performance économique du continent

L’Afrique de l’Est, qui compte treize pays, affiche les meilleures performances économiques du continent, avec un taux de croissance de 5,9 du PIB en 2017, un taux bien plus élevé que la croissance enregistrée par les autres régions d’Afrique, et supérieur à la moyenne de 3,6 % enregistrée par le continent. Six pays en particulier sont les moteurs de cette bonne performance de l’Afrique de l’Est : Éthiopie, Tanzanie, Djibouti, Rwanda, Seychelles et Kenya.

Les perspectives restent positives pour 2018 et 2019, avec une croissance qui devrait se poursuivre et atteindre 5,9 % en 2018, puis 6,2 % en 2019.

Ce rapport dédié à l’Afrique de l’Est et qui revient sur les évolutions récentes de la région met d’ailleurs en lumière un certain nombre de politiques dont les pays membres devraient s’inspirer pour transformer leurs économies respectives, selon Nnena Nwabufo, directrice générale de la Banque pour la région de l’Afrique de l’Est.

Afrique australe : une reprise économique amorcée, mais une croissance contrastée

D’une moyenne estimée à 1,6 % en 2017, la croissance du PIB réel en Afrique australe devrait s’améliorer à 2 % en 2018 puis à 2,4 % en 2019. Pour Joséphine Ngure, directrice générale adjointe de la Banque pour l’Afrique australe, « la région […] a fait des progrès considérables dans la lutte contre la pauvreté et l’amélioration de la qualité de vie de ses habitants, en mettant en œuvre des politiques qui ont ciblé l’accélération de l’industrialisation le soutien de la croissance et la création d’emplois ».

Les prévisions économiques pour la région demeurent cependant prudentes, notamment au vu des schémas de croissance très divers des économies de la région. « Locomotive » économique de la région, l’Afrique du Sud voit sa croissance s’essouffler sinon décliner, tandis que des pays à faible revenu et à l’économie en transition, à l’instar de Madagascar et du Mozambique, enregistrent une croissance plus élevée, qui reste toutefois modérée.

«Les déficits budgétaires élevés et l’augmentation de la dette publique posent des défis à la stabilité macroéconomique dans plusieurs pays d’Afrique australe. Il faudrait que les gouvernements instaurent des mesures pour améliorer la mobilisation des ressources nationales et des fonds auprès du secteur privé afin de maintenir un niveau suffisant de dépenses pour le développement, pour stimuler la croissance et créer des emplois, notamment en faveur des jeunes », souligne Stefan Muller, économiste principal de la Banque africaine de développement pour l’Afrique australe.

Afrique de l’Ouest : des progrès dans un panorama contrasté

Après plusieurs années fastes, la croissance économique en Afrique de l’Ouest, qui compte 15 pays aux économies fort contrastées, a stagné à 0,5 % en 2016. La raison en est notamment la baisse des prix des matières premières et la contre-performance du Nigeria, qui représente à lui seul près de 70 % du PIB de la sous-région. En 2017, la croissance en Afrique de l’Ouest a rebondi et atteint 2,5 % et elle devrait s’élever à 3,8 % en 2018 puis à 3,9 % en 2019, selon les projections. La consommation des ménages et le redressement relatif des cours de certaines matières premières devraient contribuer à ce regain.

Le grand défi auquel fait face la région demeure celui de la création d’emplois, notamment pour les jeunes, selon Marie-Laure Akin-Olugbade, directrice générale adjointe de la Banque africaine de développement pour l’Afrique de l’Ouest. «Perspectives économiques en Afrique de l’Ouest offre une analyse détaillée de l’économie et du marché du travail de 15 pays, centrée sur la stabilité macroéconomique, l’emploi et la pauvreté […]. N’oublions que certains des pays de la sous-région sont confrontés à un énorme défi sécuritaire», a-t-elle rappelé.

Afrique centrale : de meilleures perspectives après une performance modeste

L’Afrique centrale, qui couvre huit pays, a enregistré le taux de croissance le plus faible du continent en 2017. Avec +0,9 %, la région a connu toutefois une relative embellie par rapport à l’année 2016, qui avait enregistré une croissance de 0,1 %. Cette performance sous-régionale, qui masque de nombreuses disparités entre les pays – une croissance plutôt bonne au Cameroun et en Centrafrique, très faible en Guinée équatoriale et au Congo –, reste toutefois nettement en deçà de la moyenne de 3,6 % affichée par l’ensemble du continent. Les difficultés économiques de l’Afrique centrale s’expliquent en grande partie par la baisse des prix des matières premières dont certains pays de la région sont fortement dépendants, ainsi que par la menace sécuritaire récurrente dans d’autres.

Les perspectives pour 2018 et 2019 sont, quant à elles, plus encourageantes, nourries par une hausse des cours mondiaux des matières premières et de la demande intérieure. Selon les projections de la Banque, la croissance du PIB réel de l’Afrique centrale devrait atteindre 2,4 % en 2018 et 3 % l’année suivante. Autres facteurs favorables : une gestion macroéconomique saine et un environnement institutionnel plus favorable. « Avec l’amélioration de la situation économique du Congo et de la Guinée équatoriale, la performance économique de la sous-région devrait s’améliorer en 2018 et 2019. Il serait bon d’inscrire cette amélioration dans la durée en diversifiant les économies de la sous-région », a déclaré Racine Kane, directeur général adjoint de la Banque africaine de développement pour l’Afrique centrale.

Perspectives économiques en Afrique est une publication phare de la Banque. Elle offre une vue d’ensemble des économies des 54 pays d’Afrique. Le lancement de l’édition générale 2018 avait eu lieu le 17 janvier à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Une deuxième cérémonie a été organisée à Addis-Abeba le 26 janvier, en marge du trentième Sommet de l’Union africaine.

 

Olivia Ndong-Obiang, Responsable des relations médias, Département de la communication et des relations médias

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