Emmanuel Macron à RFI et France 24:  »le visage de l’Afrique aujourd’hui n’est pas celui de ses dirigeants »

A l’occasion du Ve sommet Union africaine-Union européenne à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où plus de 80 pays sont représentés, le président français Emmanuel Macron a accordé une interview exclusive à RFI et France 24.

RFI et France 24 : Monsieur le président, vous avez qualifié la vente aux enchères de migrants africains en Libye de crime contre l’humanité. Vous avez proposé une initiative euro-africaine pour frapper les organisations criminelles et les réseaux de passeurs. Une réunion va se dérouler cette nuit. Concrètement, comment allez-vous faire ? Plaidez-vous pour une intervention armée en Libye, à la fois pour démanteler les réseaux de passeurs et pour rapatrier dans les pays ces migrants pris au piège ?

Emmanuel Macron : Ecoutez, ce qui se passe en Libye, je l’ai en effet condamné avec la plus grande force, c’est un crime contre l’humanité. C’est de la traite d’êtres humains, c’est qualifié juridiquement et nous devons évidemment non seulement dénoncer mais agir. Agir de plusieurs façons.

La première, c’est en nous attaquant collectivement à ces réseaux de passeurs. Ces réseaux de passeurs, ils opèrent en Afrique, et ils opèrent de la bande sahélo-saharienne jusqu’aux confins de la Libye, avec des connexions qui leur permettent ensuite de faire traverser la Méditerranée. Avec des femmes et des hommes qui viennent bien souvent d’Afrique de l’Ouest et qui vont passer des mois, voire des années, en situation d’esclave sur place.

Ce que nous allons faire ce soir, dès après notre entretien, en nous réunissant avec l’Union européenne, l’Union africaine, la plupart des pays concernés dans le voisinage de la Libye, le président Sarraj et plusieurs Européens, en particulier la chancelière Merkel et le président du Conseil Gentiloni, c’est une initiative visant à lancer des actions concrètes, militaires et policières, sur le terrain, pour remonter ces filières.

Militaire et donc armée…

Il ne s’agit pas aujourd’hui de dire qu’on va déclarer la guerre. Il y a un Etat qui est en transition politique, la Libye ; c’est pour ça que le président Sarraj est là. Il y a une vraie action qui est conduite sur le terrain par le président Sarraj et le maréchal Haftar, mais il y a une action policière renforcée que nous devons conduire pour démanteler ces réseaux. Nous allons le faire. Ce que je souhaite aussi que nous puissions faire, c’est procéder à des sanctions, dans le cadre de l’ONU, contre ces passeurs. Aujourd’hui, nous pouvons commencer à les identifier, il faut procéder à des sanctions individuelles, financières, mais aussi de contraintes physiques, et pouvoir agir.

Et les juger ?

Et les juger bien évidemment. Et nous verrons ensuite s’il faut aller au-delà. Je souhaite en tout cas que cette action soit menée dans un cadre, celui que j’ai défini hier à Ouagadougou, Union africaine-Union européenne. Et c’est vraiment ce partenariat que nous devons avoir. Ça, c’est la lutte contre les passeurs, parce qu’on ne peut pas continuer à voir ce phénomène juste en le dénonçant et sans rien faire. Ensuite parce que ces passeurs sont profondément liés à de nombreux réseaux terroristes et alimentent, parfois financent, parfois sont les mêmes que ceux qui nous font la guerre et chaque jour font des morts dans la bande sahélo-saharienne.

Ensuite, il nous faut ramener les femmes et les hommes qui ont le droit à la protection asilaire. C’est ce que nous avons décidé le 28 août dernier à Paris. Des missions de l’Ofpra, en lien avec le HCR, se sont déjà tenues au Tchad et au Niger, et nous allons continuer à procéder aux identifications en amont de la Libye, pour protéger les femmes et les hommes qui ont droit à l’asile et à notre protection, et les ramener en leur évitant ce passage par la Libye et la Méditerranée.

Enfin, ce que nous souhaitons faire, en lien avec l’Office international des migrations et les instances des Nations unies, c’est faciliter le retour des Africains qui sont aujourd’hui dans les camps en Libye, vers leurs pays d’origine, qui sont bien souvent des Africains et des Africaines qui n’ont aucune chance d’avoir l’asile et qui peuvent revenir dans leur pays. Il y a déjà des pays qui ont commencé à mener ce travail et nous allons aider l’Office international des migrations en ce sens.

Autre grand défi sur le continent : la démocratie. Elle est en recul dans beaucoup de régions. Hier, à Ouagadougou, vous avez souligné le fait que dans beaucoup de pays africains le combat de la démocratie n’est toujours pas gagné. A quels pays vous pensiez ? Peut-être à des pays d’Afrique centrale, comme le Gabon, le Congo-Brazzaville, le Congo-Kinshasa ? Je crois que vous avez vu le président angolais João Lourenço cet après-midi. Peut-être en avez-vous parlé ?

Nous en avons parlé. Moi je suis toujours à la fois très vigilant sur ce sujet et en même temps très précautionneux, parce qu’expliquer depuis Paris ce que doivent être les systèmes de gouvernance, le respect de la pluralité, en donnant des leçons, c’est un peu ce avec quoi nous devons terminer. Cela a souvent peu d’efficacité. Donc moi je souhaite que l’Union africaine soit justement la plateforme qui permette aussi de porter cela avec beaucoup plus de vigueur. Et donc vous ne me voyez jamais souligner l’importance du problème.

J’ai fait le choix d’aller au Burkina Faso pour ma première tournée africaine et de prononcer un discours important dans une université, parce que c’est justement un pays qui a fait le choix de la démocratie, d’élections libres, qui fait le choix du pluralisme avec une expression très libre, comme on l’a vu hier. Il y a, on le sait bien, de nombreux pays aujourd’hui où le pluralisme est parfois remis en cause, où le sujet de l’alternance politique n’est pas une évidence. Et je pense qu’il faut que les Etats africains se saisissent du sujet. Ça n’est pas au président de la République française d’aller expliquer à tel ou tel endroit : tu ne dois pas faire comme ça ou ne pas faire ci.

Oui, mais tout de même, au Congo-Kinshasa, ça fait déjà un an que le président a terminé son mandat. C’est encore repoussé à l’année prochaine.

Je vous confirme que nous avons eu des interactions. Je veux que ce soit efficace. Je ne veux pas donner des leçons sur Rfi et France 24, à la fois pour me faire plaisir ou faire plaisir à nos auditeurs. Donc j’ai conduit plusieurs démarches pour demander au président de procéder aux élections, comme il s’y était engagé et comme c’était prévu. Et j’ai eu plusieurs contacts, en particulier celui que vous avez évoqué aujourd’hui avec beaucoup de sagacité, comme avec l’Union africaine, le président actuel comme le président à venir, pour qu’une discussion dans le cadre de l’Union africaine – qui,  je pense, est le bon forum – puisse se tenir, afin que nous ayons en 2018 des élections dans le cadre constitutionnellement prévu.

Vous parliez de ces alternances difficiles qui n’existent pas. Au Togo il n’y en a jamais eu, et c’est la même famille qui gouverne depuis cinquante ans. Est-ce que vous trouvez ça normal ?

Je souhaite surtout que le peuple togolais puisse s’exprimer librement et donc que le cadre du pluralisme soit là aussi respecté et que les oppositions puissent faire valoir leurs arguments. C’est d’ailleurs en ce sens que le président de l’Union africaine, Alpha Condé, a réuni la semaine dernière les oppositions togolaises à Paris et a pu porter un message très clair en ce sens. Je l’encourage.

Et je pense qu’il est important, en effet, que dans ce pays, comme dans quelques autres, il puisse y avoir un cadre électoral dans lequel les oppositions puissent s’exprimer, aller devant les urnes avec un processus électoral qui doit faire l’objet d’un contrôle, d’une vérification, pour s’assurer de sa sincérité, comme cela a été d’ailleurs le cas au Burkina Faso, et permettre, soit une confirmation démocratique, soit une alternance. Je n’ai pas, moi, à en préjuger.

Je pense, par contre, que la conservation longue du pouvoir sans processus électoraux, sans cadre de pluralisme, n’est pas une bonne chose. Mais elle n’est pas une bonne chose d’abord pour celles et ceux qui vivent dans ces pays, parce qu’elle ne garantit pas, justement, le respect des droits fondamentaux et des libertés individuelles et d’une bonne gouvernance pour le pays.

Beaucoup de présidents de la République avaient promis une rupture avec la Françafrique. Il y a une forte présence militaire en Afrique, il y a des intérêts bien évidemment économiques. Vous êtes ici, vous, sur ce continent. Cela fait la 4ème fois, je crois, que vous venez depuis six mois. Vous dites : La France n’a plus de politique africaine. Beaucoup ne vous ont pas cru.

Je comprends parce qu’il y a une défiance qui s’est installée. J’étais tout à l’heure au sommet Union européenne-Union africaine. On écoutait d’abord des jeunes et puis chacun faisait son discours en disant : « c’est formidable ». Je leur ai dit : « mais les gens ne nous croient plus, parce qu’une défiance s’est installée à l’égard de l’Union européenne et à l’égard de la France ». Il faut bien le dire.

Parce que nous avons continué sur des habitudes, parce qu’on a continué les grands contrats et les compromis, parfois. Parce qu’on n’a pas eu un cadre d’investissement qui profite avant tout aux populations locales, avec un vrai développement des PME, de l’emploi sur place. Parce qu’on a cherché nos propres intérêts sans chercher à développer et faire révéler l’énergie qui existe. Donc je sais toutes les erreurs du passé.

Je sais aussi les belles choses qui ont été faites dans le passé. La France a fait des grandes choses. Je parlais de la santé, ce qu’a fait le président Chirac en matière de santé sur le continent africain est une grande chose. Et il faut le saluer parce qu’on a fait avancer la lutte contre les pandémies. Moi j’ai une approche très décomplexée. Je leur ai dit hier et je l’assume d’un point de vue générationnel : 70% de ce continent c’est la jeunesse.

Vous vous êtes mis sur le même terrain qu’eux finalement. Vous leur parlez comme si c’était vos copains. Vous avez dit « mon ami » en leur parlant.

Oui, parce que cette génération, le visage de l’Afrique aujourd’hui n’est pas totalement celui de ses dirigeants. Dans beaucoup d’endroits, les dirigeants appartiennent à une génération qui a connu la décolonisation et ses traumatismes. Mais 70% de l’Afrique c’est la jeunesse. Cette jeunesse n’a jamais connu la colonisation. Donc si nous l’entretenons dans un discours, les uns paternalistes, les autres anticolonialistes, complètement factices, nous nous enlisons dans des problèmes du passé ! Hier, j’avais une jeunesse – je lui ai dit – qui était dans un discours post-Sankariste en quelque sorte. Elle m’interpelait comme François Mitterrand était interpelé il y a 31 ans. C’était le dernier déplacement d’un président français au Burkina Faso.

Et donc il faut changer ce logiciel. Le changer c’est faire quoi ? C’est regarder que cette jeunesse, on peut réussir à la faire bouger par plus d’innovation. On peut réussir à la faire bouger sur ce ciment culturel, linguistique, sur lequel j’ai insisté hier, par le sport. C’est aussi reconnaître que, quand on parle d’Afrique, on parle à la fois d’un continent – c’est ce que j’ai dit hier – avec sa diversité, avec ses 54 pays et plus de blocs régionaux dans lesquels nous nous étions enlisés. Et on parle aussi de nous.

Parce que, quand on parle de l’Afrique – et vous le savez très bien à travers aussi une partie de vos téléspectateurs et vos auditeurs – on parle de Françaises et de Français nés là-bas. On parle de binationaux, on parle des diasporas. Et donc, on parle de quelque chose qui nous touche. Et ce traumatisme qu’il y a entre nos deux continents, entre notre pays et ce continent, ces blocages multiples, ces complexes qui à mon avis sont parfois hors d’âge, c’est aussi ce qui nous bloque dans le pays.

Alors justement, certains hommes politiques français – en France, notamment dans l’opposition – vous reprochent d’avoir eu une attitude arrogante, désinvolte, avec le président du Burkina, lorsque vous étiez dans cet amphithéâtre où ça vivait beaucoup. Vous aviez des questions qui n’étaient pas filtrées, où vraiment il y avait un échange. Vous avez fait de l’humour, etc. Et à un moment le président burkinabè est parti pour une pause technique visiblement, et à ce moment-là vous avez dit : « Il est parti réparer la clim ». Et c’était justement une question sur l’électricité. Certains ont trouvé cela raciste, comme certains que je ne veux pas nommer.

Ce sont eux les vrais paternalistes. Parce que c’est considérer qu’on ne peut pas faire d’humour quand on parle à un dirigeant africain.

Mais vous auriez fait de l’humour avec Angela Merkel ?

Je le confirme. J’aurais fait de l’humour avec tout dirigeant européen avec qui j’ai cette relation. Nous n’avons pas ce type de relation avec Angela Merkel, mais je l’ai, par exemple, avec Jean-Claude Juncker. Je l’ai avec le Premier ministre luxembourgeois. Cela dépend de la relation personnelle. Il se trouve qu’avec Roch Kaboré nous nous entendons bien et donc nous plaisantons. Et d’ailleurs il ne vous aura pas échappé que ça l’a fait rire.

Ah oui ?

Evidemment. Il est d’ailleurs revenu ici. Il a fait un geste en partant. Donc tout cela est ridicule ! C’est ridicule d’abord parce que les commentateurs étaient hors contexte. Vous étiez là et vous avez vu qu’il n’y avait rien de ce qui a été commenté. Il y avait simplement l’énergie, la vitalité et la sincérité d’un moment et de son instantanéité. Et surtout, l’humour, rire, c’est une relation d’égal à égal ! C’est de dire qu’on peut plaisanter de soi et de l’autre. Parce que vous voyez bien… Il y aurait des sujets interdits quand on vient en Afrique, il y aurait des vérités qu’on ne peut pas se dire, cela fait partie de ces blocages. On doit pouvoir se dire les choses de manière dépassionnée et on doit pouvoir aussi plaisanter.

Il se trouve qu’il allait – comme vous l’avez dit très joliment – faire une pause technique et que la jeune-fille m’avait interpelé de manière lyrique sur le fait qu’on allait inaugurer une centrale solaire, mais qu’ici la clim ne marchait pas. Et je lui ai dit surtout que la climatisation de l’université de Ouaga 1 ce n’était pas le président de la République française qui allait la régler parce que ce n’était pas dans mes compétences. La climatisation de Nanterre ou de Paris 1, peut-être.

Il y a un défi très important vous l’avez souligné hier, c’est le terrorisme. Depuis six mois, les pays du G5 doivent prendre leur destin en main. Alors vous dites qu’il faut accélérer le mouvement. On sent chez vous une certaine impatience. Il y a même cette injonction : « quand on fait la guerre, il faut des victoires ».  Mais est-ce que les victoires ça se décrète ?

Ça se décrète pas, mais il faut se mobiliser pour. Ce que je constate c’est qu’aujourd’hui il y a eu des défaites de certains de nos alliés dans la région, avec des coups durs subis par l’armée américaine qui intervenait en lien avec l’armée nigérienne. Il y a des saillies encore de nos opposants terroristes dans le nord du Burkina il y a deux jours. Et nous n’arrivons pas à éradiquer véritablement ces groupes.

Moi, je constate que l’opération Barkhane est là, elle dure, elle est installée avec plus de 4 000 hommes et que le G5 que nous avons lancé, les forces du G5 Sahel que nous avons installées en juillet dernier à Bamako s’organisent mais pas assez vite. Et donc, je le dis, je mettrai toute l’énergie française. Je l’ai encore précisé hier avec le président Kaboré, je vais en reparler tout à l’heure avec les quatre présidents présents du G5 Sahel ici à Abidjan. Nous sommes, nous, au rendez-vous de toutes les coopérations bilatérales décidées. J’ai obtenu qu’il y ait de nouveaux financeurs, j’appelle à ce que l’Union européenne, les pays européens financent cette initiative, mais on a besoin d’avoir des armées africaines qui viennent au contact, qui dans les zones frontalières un peu abandonnées parce qu’elles sont plus loin des zones de conflit premières, on renforce la présence militaire.

Et il est clair que le Centre-Mali, aujourd’hui, nécessite une présence forte, que la frontière Mali-Niger-Burkina nécessite une présence forte, qui est ce fuseau médian du G5 Sahel et que je souhaite là que nous puissions gagner face à ces terroristes qui aujourd’hui sont encore en train de semer la terreur, qui s’installent et qui installent avec eux un mouvement d’obscurantisme qui fragilise les Etats. Ce qu’il faut voir c’est si nous n’arrivons pas à les éradiquer, ils vont continuer à fragiliser les équilibres politiques dans les différents Etats du Niger. Donc oui, je suis très volontariste, je m’engage, l’armée française s’engage, il est essentiel que nous gagnions cette bataille.

Monsieur le président, vous venez de confirmer que Paris accueillera l’an prochain une conférence internationale contre l’argent du terrorisme. Il y a trois mois vous accusiez l’Arabie Saoudite et le Qatar, c’était dans Le Point, de financer les groupements qui contribuent au terrorisme. Aujourd’hui, vous saluez la nouvelle politique du prince héritier MBS qui veut fermer des fondations extrémistes. On a l’impression que cette promesse-là il l’a déjà faite à vos prédécesseurs.

Eh bien écoutez. Il ne l’a jamais faite publiquement. Quand je me suis rendu à Riyad, nous avons échangé et il s’est engagé. Il s’est engagé à ce qu’on puisse lui fournir une liste et à ce qu’il cesse les financements. Donc c’est simple, moi je le crois.

Vous le croyez ?

Je le crois, mais je vais le vérifier. Et donc la confiance, elle se crée par les résultats. De la même façon que la jeunesse africaine veut des résultats pour croire au discours que j’ai tenu hier et c’est légitime. J’ai pris des engagements. Moi j’ai la liste de mes engagements d’hier. Je me suis fait faire la liste et j’en suivrai chacun. Et ils pourront me dire : « Nous n’avons pas confiance en vous, parce que vous n’avez pas fait ceci ou cela ». Donc j’ai demandé aux dirigeants qui se plaignent de ces financements – qu’ils viennent de tel ou tel pays – de me donner la liste. Je la donne pour ce qui nous concerne et nous allons, mois après mois, nous assurer de cela. J’ai demandé la même chose au Qatar, à la Turquie, à l’Iran…

Le Qatar où vous allez aller ?

Où je vais la semaine prochaine. Idem.

Et l’Iran, vous allez y aller ?

J’irai, comme je l’ai dit, en Iran en temps voulu. Il faut préparer ce déplacement.

Il n’y a pas de date encore ?

Non, mais parce qu’il faut préparer cette date. Il faut la préparer avec nos partenaires, mais dans un cadre qui est celui que j’ai donné. C’est-à-dire que l’Iran n’est pas un partenaire, mais nous avons une relation qui est structurée à travers un accord sur le nucléaire. Il faut le compléter par une discussion et un accord structuré sur l’activité balistique et une discussion stratégique sur la place de l’Iran dans la région pour lutter contre, objectivement aujourd’hui, des actions de déstabilisation menées dans plusieurs pays.

Mais moi je crois aux engagements qui sont pris, parce que je veux pouvoir les mettre sur le papier, les suivre et les évaluer. Je constate en tout cas que dans les discussions que nous avons eues, dans les engagements qu’ils sont prêts à prendre, il y a un changement de ton, et c’est une première, qu’ils sont prêts à venir à ce sommet à Paris de lutte contre le financement des groupements terroristes, et que nous aurons derrière des engagements concrets. Moi je ne crois qu’au concret.

Au sujet du drame qui a frappé Rfi, c’était, il y a quatre ans. Nos envoyés spéciaux, Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été assassinés à Kidal. Il reste beaucoup de zones d’ombre. Plusieurs suspects ont été éliminés par l’armée française. D’autres se cachent derrière la frontière algérienne. Est-ce que ça veut dire que les criminels ne seront jamais capturés, jamais jugés ?

Non. D’abord, vous avez raison de rappeler ces deux voix qui nous manquent. Et vos collègues qui ont payé le prix de ce terrorisme et de ces groupements extrémistes qui sévissent dans la région. Nos pensées continuent à aller, bien évidemment, à leurs familles, à leurs proches. Le ministre des Affaires étrangères les a revus pour expliquer aujourd’hui ce que nous sommes en train de faire.

Il y a eu plusieurs opérations qui – parce que ce sont des extrémistes, parce qu’ils vont jusqu’à la mort ! – ont conduit à la neutralisation, comme on dit, de plusieurs de ceux qui les avaient pris en otage et exécutés. Nous continuons la recherche active. Je veux ici vous dire que l’engagement de la France est entier. Nous les retrouverons et ils paieront. Nous éluciderons tout ce qui doit être élucidé. Je vais, ici, m’engager très solennellement. La France met tout en œuvre pour que toute la vérité soit faite sur cette affaire. Et la France met tout en œuvre pour pouvoir capturer les autres commanditaires de ces crimes.

Mais ceux-là se cachent avec ceux que j’ai évoqués tout à l’heure. Ces terroristes, qui vont aux confins du Sahel se cacher et mener des razzias, mener des attaques contre les populations civiles, contre les journalistes, contre parfois des élus des pays du Sahel, pour les déstabiliser, pour lutter contre la liberté, pour éradiquer nos valeurs. C’est ce combat que nous menons dans le Sahel. Le Sahel doit redevenir cette région où l’Afrique respire, en quelque sorte, cette région qui lie plusieurs Afriques et non pas cette route de la nécessité, de la haine et de la terreur qu’elle est en train de devenir. Et nous avons collectivement une immense responsabilité pour cela.

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